Le biocarburant creuse le déficit de colza en Europe

L'été indien n'est pas au rendez-vous au Canada. Le pays a été frappé par le gel ce week-end, très néfaste pour les cultures encore en plein champ. Et surtout pour le canola, le colza canadien, dont les cours ont grimpé lundi à leur plus-haut de l'année à Winnipeg. Sur le marché parisien aussi, la tension est là : les prix du colza ont bondi jusqu'à 391 euros la tonne en séance. Moins spectaculaire que la hausse des marchés du blé et du maïs, la progression des oléagineux est pourtant préoccupante. « En Europe, on a un déficit structurel de colza » assure Sébastien Poncelet, expert chez Agritel. Après avoir importé 2 millions de tonnes en 2009, le Vieux Continent devrait acheter cette année à l'étranger un volume équivalent. Problème : tous les autres pays producteurs ont subi des aléas climatiques. Qu'il s'agisse d'inondations ou de sécheresse, la Chine, le Canada, l'Ukraine et la Russie ont été affectées. L'Europe, qui se fournissait d'ordinaire en Ukraine, doit donc aller chercher plus loin. Et pas au Canada : les importations de colza canadien sont proscrites pour cause d'OGM. Demande en expansionLes achats en provenance d'Australie devraient donc doubler. Ils pourraient atteindre 750.000 tonnes, contre 310.000 tonnes l'année dernière selon Agritel. Malgré cela, la demande de colza ne devrait pas être entièrement satisfaite, et les triturateurs, qui transforment la graine en huile, devraient se tourner vers des produits de substitution, comme l'huile de soja ou l'huile de palme. En cause : une demande de biocarburant en pleine expansion. La demande de colza a progressé de près de 10 % par an sur ces trois dernières années, alors que les taux d'incorporation de biocarburant dans l'essence grimpent un peu partout en Europe, comme le conseille la directive sur les énergies renouvelables de 2008. Selon Romain Maurel, analyste sur les oléagineux à la société de conseil Plantureux, 60 à 70 % du colza est utilisé pour fabriquer du diester, le biodiesel qui représente le principal agrocarburant européen. Une demande que l'agriculture locale est de moins en moins à même de satisfaire. Le déficit devrait se creuser l'année prochaine, alors que la récolte s'annonce mal. Le colza, qui reste 11 mois sous terre, se sème en effet dès la fin du mois d'août. En Allemagne, Tchéquie, Russie, de fortes pluies ont déjà perturbé les semis. Aline Robert
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