Londres consacre une rétrospective inédite à la splendeur de...

Un exercice diplomatique difficile. Un parti pris évident. Les Anglais l'ont pourtant fait. Ils les ont dépouillé de leur pouvoir mais leur rendent aujourd'hui hommage. Le Victoria & Albert Museum de Londres réalise la première rétrospective consacrée aux maharajas.Invités à participer à la manifestation, les princes de Jaïpur et de Jodhpur notamment ont accepté de présenter au public leurs plus belles collections. Devant les 250 textiles, costumes, joyaux et autres objets célébrant la gloire de ces anciens maîtres, on ne peut être qu'admiratif. La Rolls-Royce du maharaja de Jaïpur, la malle à thé Louis Vuitton pour le maharaja de Baroda, la montre Reverso conçue spécialement par Jaeger LeCoultre pour les joueurs de polo en Inde sont autant de splendeurs. Mais on demeure bouche bée devant le collier de diamants et platine que Cartier créa en 1928 pour le maharaja de Patiala. Les portraits de Man Ray et Cecil Beaton, les films d'archive des rétrocessions et autres mariages princiers du début du XXe siècle, font ressurgir du passé le cérémonial et la rutilance des pierres précieuses des apparats des maharajas. On comprend mieux alors la fascination. Ceux que l'on nommait alors des « great kings » étaient considérés comme des dieux vivants. Magnificience perdueQue reste-t-il aujourd'hui des maharajas?? Dépourvus de tout pouvoir officiel depuis la partition et la constitution de l'État indien, nombre d'entre eux ont perdu de leur superbe et leur fortune personnelle a fondu comme neige au soleil. Les grandes marques de luxe désireuses de reconstituer leur patrimoine ne manquent pas de racheter des pièces vintages auprès de ces anciennes cours royales. À la manière de ce que décrit Balthazar Castiglione dans « le Livre du courtisan » à la Renaissance italienne, traditionnellement les maharajas devaient non seulement être des guerriers hors pair capables de protéger leurs sujets, mais ils devaient aussi rendre la justice, se porter garants de la stabilité et bien sûr prélever les taxes. Mais ils devaient aussi maîtriser l'art de philosopher, peindre, écrire, et manier les subtilités de la culture pour converser avec les artistes et les architectes. La magnificence de leurs demeures, en particulier l'Umaid Bhawan Palace de Jodhpur, est des témoins vivants de leur richesse intellectuelle. Et, si le monumental palais de grès rouge bâti au début du XXe siècle, dans un style Art déco, est devenu propriété du Taj Group, (le premier groupe hôtelier indien qui, dès les années 60, proposa aux maharajas de transformer les palais d'Udaïpur, de Gwallior, Jaisalmer et Jaïpur en palaces afin de les préserver), le maharaja vit toujours avec sa famille dans l'aile droite du palace. On le croise volontiers sous la coupole ou dans les somptueux jardins. Il est partie prenante de la vie de l'hôtel. InfluenceEnfant, à deux Anglaises bon teint qui se scandalisaient qu'un petit Indien puisse faire du patin à roulettes sur le marbre du palais, il avait rétorqué qu'elles étaient chez lui, et que, comme telles, elles devaient se taire. Son autorité naturelle et son influence sont recherchées de tous. Sa passion du polo lui a coûté cher. Son père est mort dans un accident lors d'une partie alors qu'il n'avait que 5 ans, ce qui l'a hissé sur le trône au plus jeune âge, quelques années avant la partition. Aujourd'hui, son fils adoré, Shivraj, qui était promis à un brillant avenir, avec toute la superbe de ses 20 ans, est handicapé après un très grave télescopage de chevaux. Pourtant la passion du polo ne quitte pas le prince, il ne raterait, pour rien au monde, une compétition de son équipe.Comme en témoigne le texte de Sawa Bhawani le maharaja de Jaïpur, dans l'excellent livre « Polo the nomadic tribe » que publie ce mois-ci Aline Coquelle aux Éditions Assouline, le polo est en Inde le sport des princes. À Jaïpur, c'est sur le terrain qu'on a le plus de chances de croiser le maharaja. Son palais également transformé en somptueux hôtel, ce dernier s'enorgueillit que le Jaipur Polo soit le club le plus réputé d'Inde?; son palmarès de victoires sans égal lui permet d'espérer emporter dans les prochaines années le trophée des championnats du monde. Ou, pourquoi pas, d'emporter la médaille d'or aux Jeux olympiques, lorsque la discipline du polo sera réintégrée à la compétition. Ce qui ne saurait tarder. Mais là, c'est une autre histoire? Isabelle LefortÀ la rencontre des derniers maharaj
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