Les chimistes crient à la distorsion de concurrence

Chimie« L'Europe a déjà fixé les règles du jeu. Si les autres régions du monde ne le font pas, cela deviendra problématique pour les industriels. » Les propos de Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Rhodia, résument l'enjeu des négociations pour les chimistes : que l'Europe ne soit plus le seul continent à légiférer en matière de réduction de gaz à effet de serre (GES). Le « paquet climat énergie », voté par Bruxelles en décembre 2008, a entériné la poursuite du système d'échange de quotas de CO2 jusqu'en 2020. Mais les chimistes, troisième plus gros émetteurs de GES après les sidérurgistes et les cimentiers (17 % des émissions en 2006, selon l'AIE), crient à la distorsion de concurrence face à leurs concurrents américains ou asiatiques. De plus, le système de « benchmark », qui remplacera dès 2013 l'actuel mécanisme d'allocation de crédits sur une base historique, est encore loin d'être finalisé. « La liste des secteurs concernés et le périmètre de ces benchmarks ne sont pas définis », explique-t-on au Cefic, syndicat patronal européen. Autre inquiétude : que Bruxelles augmente son objectif de réduction d'émissions à 30 % (contre 20 % aujourd'hui) entre 1990 et 2020, comme envisagé en cas d'accord international. « Une réduction supplémentaire de 10 % serait très ambitieuse et aurait des conséquences en termes économiques et d'emploi », prévient Thierry Le Hénaff, PDG d'Arkema. Dernière incertitude : l'avenir des CER, ces crédits carbone accordés aux projets situés dans les pays émergents. Là encore, la question de leur avenir reste à trancher, de même que les gaz qui y seront éligibles. Or, ces crédits revêtent une importance cruciale pour les industriels. Ils ont représenté près d'un quart de l'excédent brut d'exploitation de Rhodia (158 millions d'euros) l'an dernier. Selon Arkema, la vente de crédits carbone reçus sur leur site de production de gaz réfrigérants en Chine entre 2009 et 2013 représente un produit de 50 millions d'euros. A. T.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.