Obama passe à la contre-offensive

Barack Obama est à la recherche d'un second souffle politique. La défaite électorale imprévue dans le Massachusetts confirme la chute de popularité du président, bien inquiétante à quelques mois des élections partielles du « mid-term ». Pour le camp républicain, la chose est entendue : la victoire mardi soir de leur candidat Scott Brown ? encore inconnu il y a un mois ? dans un bastion démocrate est un plébiscite du peuple contre la réforme de l'assurance-maladie, réforme déjà bien édulcorée après son passage au Sénat. La Maison-Blanche propose une autre lecture. L'un des conseillers, David Axelrod, pointe « l'inquiétude des classes moyennes » face à des salaires bloqués et la montée du chômage, qui atteint désormais 10 % de la population active. Et le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, promet de tirer les leçons de cet échec et de « travailler dur pour que les Américains comprennent que le président oeuvre du matin au soir pour améliorer la situation économique ». De fait, l'opinion comprend mal l'urgence des grandes réformes engagées, comme l'assurance-maladie ou le climat. « Elle attendait davantage de Barack Obama un nouveau Franklin D. Roosevelt, avec en poche un new Deal », commente l'économiste Paul Jorion. Les 780 milliards de dollars injectés dans l'économie sont trop parcellaires pour être visibles et le chiffre de deux millions d'emplois « préservés » revendiqués par l'administration démocrate sonne creux. En attendant les signes de reprise, le terrain choisi par l'administration Obama pour contre-attaquer est donc Wall Street. « La défaite dans le Massachusetts est aussi un vote sanction de la politique de la Maison-Blanche à l'égard de Wall Street », souligne Paul Jorion, qui observe une opinion de plus en plus hostile à l'égard de l'establishment financier. C'est d'ailleurs un terreau fertile pour les républicains qui ne manquent jamais une occasion de souligner les liens étroits entre Wall Street et les proches de Barack Obama, comme Larry Summers et Timothy Geithner. technocrateCes coups portent car ils confortent l'image de technocrate du président et troublent son électorat. Ce dernier a en effet le sentiment d'avoir voté contre des hommes qui sont aujourd'hui au pouvoir. Et la blogosphère se déchaîne sur le thème d'une réforme bancaire « made in Wall Street ». Même l'un des piliers de la réforme ? la création de l'agence de protection des consommateurs ? semble vaciller sous les coups de butoir des lobbies bancaires. Pour corriger le tir, les nouvelles annonces se multiplient donc, comme le projet de taxation ou celui de limitation de la taille des banques. Autant de thèmes qui peuvent faire remonter les sondages de popularité. En revanche, sur l'assurance-maladie, Barack Obama, échaudé par le terrible échec de Bill Clinton en 1993, semble prêt à de nouveaux compromis. Une capitulation en rase campagne signerait l'échec de son mandat. En revanche, tous les espoirs de l'administration sur le texte énergie-climat ne sont pas perdus, même si un nouveau report à l'automne est probable.Certains républicains, stimulés par le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, sont prêts à signer le texte, et le recours à la menace d'une intervention directe de la puissante agence fédérale de l'environnement reste une arme de persuasion. Reste à savoir si Barack Obama est décidé à sortir du jeu de compromis pour une logique de confrontation. Sa nouvelle offensive contre Wall Street aura donc valeur de test.
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