L'euro embourbé dans une tragédie grecque

Le dollar a fermement repris la main sur le marché des changes après une période de flottement, le temps d'une trêve des confiseurs un peu prolongée. Son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis est remonté à son plus haut niveau depuis septembre, à 78,57 jeudi, amplifiant son rebond au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours, située à 78,505, ce qui constitue un très fort signal acheteur. C'est de loin face à l'euro, emporté par la tourmente grecque, que la reprise du dollar est la plus spectaculaire. Le dollar est monté hier à son plus haut niveau depuis six mois, se hissant jusqu'à 1,4030, alors qu'une semaine plus tôt il avait fait une incursion jusqu'à près de 1,46 face à la monnaie unique. Que la situation des finances publiques de la Grèce soit ou non dramatisée, les faits sont là et ils sont accablants pour les investisseurs. Jeudi, l'écart entre les bunds allemands à 10 ans, la référence de la zone euro, et les emprunts d'État grecs de même échéance a atteint son plus haut niveau depuis la naissance de l'euro en janvier 1999, soit avant même que la Grèce ne rejoigne les dix pays fondateurs début 2001. Les rendements grecs à 10 ans se sont tendus jusqu'à 6,25 % soit 301 points de base de plus que leur homologues d'outre-Rhin. Autre baromètre de l'inquiétude des investisseurs : le coût de l'assurance contre le risque de défaut de paiement sur un emprunt d'État grec à 5 ans, le credit default swap (CDS), a atteint un plafond historique, à 353,5 points de base, alors que fin décembre, il ne s'élevait qu'à 283. Ce qui veut dire que pour s'assurer contre un défaut de paiement sur 10 millions d'euros d'emprunts d'État grecs, un investisseur doit débourser une prime annuelle évaluée hier à 353.500 euros. La signature de la Grèce fait peur. Et l'on voit mal comment elle pourrait placer dans des conditions qui ne soient pas exorbitantes l'émission internationale en dollars, de quelque 2 milliards, qu'elle envisage de proposer à la communauté financière.Cette situation « drachmatique » se répercute de plein fouet sur l'euro, car de nombreux observateurs redoutent qu'elle ne contamine les autres mauvais élèves de la zone euro en matière de déficit public, à commencer par le Portugal dans la ligne de mire des agences de notation, et à terme ne handicape le redressement des poids lourds de la région.D'ores et déjà, les plus récentes enquêtes et statistiques ont donné du grain à moudre aux Cassandre. Après le morose indice allemand Zew des attentes économiques des milieux d'affaires en début de semaine, l'on a appris jeudi que l'indice composite des directeurs d'achats de la zone euro (PMI) avait reculé à 53,6 en janvier contre 54,2 en décembre. Même s'il se maintient au dessus de 50, la ligne de démarcation entre croissance et contraction de l'activité. n
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