Les clubs de foot, valeurs hyperspéculatives

L'année 2010 vient à peine de débuter mais les fans de football sont déjà prêts, dans la perspective de la Coupe du monde qui se déroulera à partir de juin, en Afrique du Sud. Les investisseurs ne sont pas en reste : l'indice Bloomberg European Football grimpe de 3 % depuis le 1er janvier 2010, alors que le Dow Jones Euro Stoxx cède 0,96 %. Mais la qualité de cette surperformance doit être relativisée. D'abord, l'indice Bloomberg European Football club a gagné 10 % seulement en 2009, une progression deux fois inférieure à celle du DJ Euro Stoxx 50. Ensuite, la hausse des valeurs européennes du football depuis le début 2010 est emmenée par des titres éminemment spéculatifs. À commencer par le club britannique Watford Leisure, dont l'action bondit de 45 % depuis le 1er janvier, date à laquelle le groupe a échappé de peu à une mise en liquidation judiciaire. Pour mémoire, son cours de Bourse s'était effondré de 52 % en 2009, signant la plus forte chute de l'indice Bloomberg European Football club.La bonne tenue du cours d'Arsenal, première capitalisation de l'indice avec un poids de 34,6 %, tient également en partie à une situation très spéciale. L'homme d'affaires américain Stan Kroenke, premier actionnaire du club britannique avec 29,97 % du capital, se trouve à une encablure du seuil de 30 %, au-dessus duquel il devra lancer une offre publique d'achat sur Arsenal. Ira, ira pas, la communauté financière est à l'affût de la moindre indication sur les intentions de Stan Kroenke. Résultat, l'action Arsenal se paie pas moins de 3 fois l'actif net, alors que nombre de clubs cotent en dessous de leurs fonds propres. C'est dire si un rachat semble être la meilleure solution pour les clubs de football et pour leurs actionnaires. « Au tout début, les investisseurs étaient attirés par les clubs de football, compte tenu de leur fort potentiel de chiffre d'affaires », rappelle Nick Batram, analyste chez KBC Peel Hunt. À cet égard, les clubs de foot n'ont pas déçu. Mais c'était compter sans la formidable inflation de leurs coûts, notamment salariaux. À tel point que les seuls clubs de foot de la Premier League (le championnat d'Angleterre) ont accusé au total une perte avant impôts de 240 millions de livres sterling, au cours de la saison 2008 (dernières données disponibles).De plus, il suffit qu'un joueur phare se blesse et la capitalisation boursière du club en question accuse violemment le coup. De la même façon, une baisse dans le classement, et voilà les droits de retransmission qui chutent. C'est ce qui est arrivé à l'Olympique Lyonnais (OL). Numéro un du championnat de France de 2002 à 2008, l'OL a été relégué à la troisième place en 2009, si bien que le club a vu ses droits télévisuels ? qui représentent 35,5 % de son chiffre d'affaires ? ramenés de 75 à 68,1 millions d'euros en l'espace d'un an. Le cours s'en est ressenti : après avoir culminé à 24 euros lors de l'introduction en Bourse, en février 2007, il vaut aujourd'hui? 7,82 euros.
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