Latécoère veut contraindre EADS à le racheter

L'avenir de Latécoèree;coère est actuellement au centre d'une belle partie de poker menteur où l'État, qui n'a pourtant aucun intérêt patrimonial dans ce dossier, revendique le rôle d'arbitre... avec pour objectif, louable, de structurer la filière industrielle de l'aérostructure française. Celle-ci, très fragmentée, est dotée d'un savoir-faire de haut niveau mais exige beaucoup de main d'oeuvre (voir ci-dessous). Ce qui en fait un dossier avec une composante politique non négligeable.Autour de la table de jeu, figurent EADS, très soucieux de l'avenir du groupe toulousain, l'un de ses principaux sous-traitants pour des programmes clés tels l'A380 et l'A350, ainsi que des acheteurs à l'affût d'une belle opération industrielle comme, selon nos informations, le chinois Avic, l'américain Spirit, le néerlandais Fokker ou encore le britannique GKN. On y trouve enfin le président du conseil de surveillance de Latécoèree;coère Pierre Gadonneix, désigné avec l'appui de l'État comme l'homme providentiel pour préserver l'avenir (français ?) du groupe. Selon des proches du dossier, ce dernier devrait annoncer dans un mois le repreneur ou tout du moins une solution industrielle pour l'équipementier aéronautique, endetté à hauteur de plus de 300 millions d'euros. Une charge qui effraie le groupe français Daher qui préfère rester à l'écart. « Grossir pour grossir n'a pas de sens », explique-t-on chez le groupe marseillais, qui n'est intéressé que par certaines activités. Or, Latécoèree;coère ne sera pas vendu par appartements.Menace de délocalisationQui veut quoi dans ce dossier ? Pierre Gadonneix, avec l'appui de l'État, tente de manipuler EADS pour que le groupe européen achète Latécoèree;coère. L'ancien PDG d'EDF conserve dans sa manche quelques cartes pour contraindre le groupe dirigé par Louis Gallois à rentrer dans son jeu. Il agite notamment la menace de la délocalisation pour embarrasser le groupe européen et l'État. Ce dernier ne souhaite pas voir un fleuron de l'industrie aéronautique française passer sous pavillon étranger. Surtout à quelques mois d'une élection présidentielle, où la désindustrialisation sera l'un des thèmes majeurs de la campagne des candidats. « Gadonneix veut faire de la provocation et forcer la main d'EADS », analyse un connaisseur du dossier. Or, Spirit, Avic, GKN et Fokker, notamment, sont présents sur le dossier Latécoèree;coère, attirés par son savoir-faire dans les aérostructures. Ils sont dans les starting-blocks attendant le coup de pistolet de Pierre Gadonneix. « Mais leurs intentions sont de sortir une grande partie de l'activité de Latécoèree;coère de l'Hexagone pour les mettre dans les pays à bas coûts », explique un connaisseur du dossier. D'où la réaction de l'État qui pousse EADS à voler au secours de Latécoèree;coère. Non, répond le groupe. La maison mère d'Airbus ne veut pas racheter Latécoèree;coère pour l'adosser à Aerolia, une filiale d'Airbus dans l'aérostructure. Car il veut sortir, une fois achevée la montée en cadence de l'A350, de l'aérostructure (c'était d'ailleurs l'objectif du plan Zephyr annoncé en 2007) regroupé en grande partie dans Aerolia. En outre, il ne veut pas jouer les bons samaritains en reprenant un groupe lourdement endetté pour faire plaisir à l'État, qui verrait d'un bon oeil cette solution facile et bon marché, et... à la Société Généralecute; Générale, qui détient une grande partie des créances de l'équipementier toulousain. « Latécoèree;coère ne vaut pas son cours de Bourse », explique-t-on chez EADS. Latécoèree;coère, qui a perdu 91,2 millions d'euros en 2009 pour un chiffre d'affaires de 449 millions d'euros, affiche une capitalisation boursière d'environ 80 millions d'euros. Par ailleurs, pas question non plus pour EADS de voir Latécoèree;coère passer sous la coupe de l'américain Spirit, qui aurait alors une position beaucoup trop forte sur l'A350. En revanche, le groupe européen n'a pas d'objection sur GKN, Fokker et... Avic, à condition qu'ils ne délocalisent pas en Chine... Proposition sous conditionEn revanche, EADS est prêt à contribuer à une solution industrielle, qui permettrait de maintenir une filière aérostructure en France. Selon nos informations, le groupe se dit prêt à fusionner une grande partie d'Aerolia avec Latécoèree;coère et à détenir (dans un premier temps seulement) une partie du capital de cet ensemble. À une seule condition : qu'il ait la garantie que le Fonds d'investissement stratégique (FSI) participe lui aussi à cette opération avec une participation minoritaire et qu'un ou des fonds d'investissements internationaux prennent une part significative de l'ensemble Aerolia-Latécoèree;coère. « Avec un tel schéma, il n'y a plus besoin d'un partenaire industriel de référence, Aerolia et EADS le sont », précise-t-on chez EADS. Selon nos informations, Blackstone étudie le dossier contrairement à Carlyle et Apollo, qui ont eu accès au dossier. Enfin, le FSI regarde en solo le dossier, tout en se montrant attentif aux offres des autres.
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