La gauche solidaire  ? C'est le

Retrouvez l'intégralité des réactions de Olivier Duhamel, Daniel Cohn-Bendit et Romain Pasquier sur « La Tribune numérique » du samedi 20 mars.? LaTribune.fr onglet Le Quotidien? sur l'iPhone, onglet LE QuotidienLe 18 mars, dans la foulée du 1er tour des régionales, Martine Aubry qualifie l'accord pour le second tour entre le PS, Europe Écologie et le Front de gauche, de « gauche solidaire ». Amenée à définir cette nouvelle union de la gauche susceptible de jeter les bases d'une alliance pour la présidentielle de 2012, sa nouvelle partenaire privilégiée, Cécile Duflot, précise : « Le rassemblement et la diversité dans la clarté. »Une formulation on ne peut plus ambiguë. Mais la stratégie perdante de « parti unique » de l'UMP, impose l'examen de cette nouvelle union de la gauche. « Rassemblement et diversité, cela veut dire unis mais différents », dit simplement le politologue Olivier Duhamel. Et lorsqu'elle ajoute « dans la clart頻, elle signifie qu'il ne s'agit « pas seulement d'un accord sur les postes, à la proportionnelle, mais aussi des compromis entre les programmes ». Daniel Cohn-Bendit l'entend bien ainsi : « Le retour de la gauche au pouvoir passera par un compromis de toutes les forces de la gauche pour rédiger une plate-forme commune exprimant la diversité de ses cultures. »« Martine Aubry veut réitérer le pari de François Mitterrand de la fin des années 1970 qui consistait à réunir l'électorat des classes moyennes urbaines montantes et l'électorat ouvrier, souligne le politologue de Rennes, Romain Pasquier. Seulement, les classes sociales ont implosé : les classes populaires et moyennes en déclin votent Front de gauche, les classes moyennes hors des grandes métropoles votent PS, et les classes urbaines moyennes supérieures votent Verts. Embrasser l'ensemble de cet électorat aux attentes sociales aussi différentes s'annonce complexe ! Quand les uns se demandent s'ils auront un travail demain, les autres n'aspirent qu'à améliorer leur cadre de vie... »L'ambiguïté des mots de Cécile Duflot a donc bien une fonction : « Il s'agit de faire tenir ensemble des groupes sociaux en voie d'éloignement », précise Romain Pasquier. Mais ce sera difficile à transformer pour construire le fameux projet de société annoncé par Martine Aubry et les Verts. « Quel programme peut donc réunir les Rose-Vert-Rouge, sachant qu'ils s'opposent sur des dossiers assez stratégiques comme la taxe carbone, la réforme des retraites, l'Europe ou le nucléaire ? » interroge encore le politologue.En d'autres termes, en dehors d'une vague empathie commune pour la gauche, il n'y a rien de commun entre le vote Front de gauche et le vote Vert. D'où l'hostilité déclarée d'un Jean-Luc Mélenchon (président du Parti de gauche) à l'égard du folklore des trois grâces dans un café branché parisien.Ceux qui jurent que le PS a définitivement renoncé à sa stratégie d'alliance avec le centre feraient bien de se méfier. Ségolène Royal, qui l'a emporté dans le Poitou-Charente avec l'aide des voix du Modem, n'a pas dit son dernier mot. Quant à la « nouvelle colonne vertébrale de la gauche » théorisée par le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, et qui serait construite sur un axe « PS-écologistes, ouvert au Front de gauche », contrairement à une gauche plurielle bâtie sur un « axe PS-PCF ouvert aux Verts », il n'est pas sûr qu'elle puisse être assez stable pour rassembler. Si Cécile Duflot est si ambiguë, c'est que c'est la condition pour maintenir ensemble des votes et des stratégies génétiquement incompatibles. nAnalyse Valérie Segond Éditorialiste à « La Tribune »Chaque semaine, « La Tribune » décrypte une phrase ou une citation qui marque un temps fort de l'actualité politique, sociale ou économique.
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