Bercy redoute le désendettement brutal des entreprises françaises

ConjonctureLe risque est assez faible mais il existe. Selon la dernière étude de la Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE) dépendant de Bercy, il est impératif de prévenir un éventuel processus de désendettement massif de la part des entreprises tricolores. Pourquoi soulever maintenant cette éventualité ? Parce que ce désendettement serait rendu possible en 2010 par l'amélioration de la capacité de financement des entreprises provoqué en partie par le redressement de leur taux de marge, lié notamment à la réforme de la taxe professionnelle.Autre interrogation. Pourquoi redouter un assainissement de la structure financière des entreprises, sachant que la dette financière brute des sociétés non financières (SNF) ? qui comptabilise les titres de créance, les obligations et l'ensemble des crédits accordés par le secteur financier ? a atteint 121 % de leur valeur ajoutée en 2008 (1.203 milliards d'euros), contre une moyenne de 112 % lors des dix dernières années ? Parce qu'il menacerait tout simplement le redémarrage tant espéré de l'économie tricolore.Croissance en dangerEn effet, si ce désendettement devait passer uniquement par une réduction drastique de l'investissement, il se traduirait par une chute de près de 10 points de la formation brute de capital fixe des SNF selon les calculs de la DGTPE. Après la baisse de 7,2 % de l'investissement des entreprises constatée cette année par l'Insee, cette hypothèse fait frémir. En outre, ce serait aller contre l'idée communément admise selon laquelle les emprunts extérieurs tendent à accélérer la croissance quand ils sont contenus dans des limites raisonnables et utilisés pour financer l'investissement productif.Si ce désendettement devait passer par un déstockage de masse, on observerait une nouvelle contribution nettement négative des stocks à la croissance.Enfin, dans le cas où « cette chasse à la dette » devait se traduire par une réduction des dividendes versés par les entreprises, les répercussions sur le revenu disponible brut des ménages où les dividendes pèsent pour presque 6 % en 2008, et donc sur leur consommation, saperaient la solidité du seul moteur un peu vaillant de la croissance.Fabien Piliu1.203 milliards C'est la dette financière brute des sociétés non financières.
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