Dans l'Hexagone, des rémunérations promises à la modération

En Allemagne, les partenaires sociaux négocient actuellement des hausses significatives de salaires. Un scénario difficilement envisageable en France, pour plusieurs motifs. Le contexte économique en premier lieu. « Dans certains pays, en Allemagne ou en Europe du Nord, les gains de compétitivité, gagnés grâce aux gains de productivité, permettent une redistribution des salaires », explique Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. En France en revanche, « le choc sur les marges des entreprises a été violent » pendant la crise. La modération salariale y est donc désormais « inéluctable, si ce n'est souhaitable », selon l'économiste, pour « redresser les marges des entreprises et trouver des relais de croissance endogènes ».«Rigidité » des salairesÀ ces marges chahutées s'ajoute le chômage, qui reste élevé : 9,1 % prévu en 2011, selon l'Insee. Les tensions sur le marché du travail font ainsi pencher le rapport de force du côté des employeurs et se prêtent peu aux revalorisations salariales. La France échappe pourtant en partie à la corrélation entre chômage et baisse des salaires, explique- t-on à Natixis. L'explication est à chercher du côté de la « rigidité » des salaires, selon Jean-Christophe Caffet. En d'autres termes, ces derniers sont protégés par leur partielle indexation aux prix (par le biais du mécanisme de revalorisation du Smic) ou encore par les conventions collectives. Dans ce contexte, bien que préoccupé par le pouvoir d'achat des ménages - essentiel à la croissance -, le gouvernement ne fait pas de la politique salariale un cheval de bataille (lire « La Tribune » du 22 janvier). Il est vrai également que la capacité des pouvoirs publics à agir sur les salaires du privé est limitée. Il peut certes relever le Smic. Depuis l'arrivée à la présidence en 2007 de Nicolas Sarkozy, il s'en est tenu à la revalorisation minimale légale, sans «coup de pouce» additionnel. Le gouvernement peut aussi jouer sur les salaires dans la fonction publique, dont les 5,2 millions d'agents représentent plus de 22 % de la population active. Or, pour des raisons d'objectifs de réduction des déficits publics, le point d'indice ? élément central de la revalorisation ? a été gelé cette année. La Cour des comptes a suggéré en 2010 que ce gel soit porté jusqu'à 2013. Les décisions salariales pour 2012 et 2013 ont été remises à des négociations avec les syndicats, prévues cette année. Sara Sampaio
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