Si la situation à Fukushima s'oriente apparemment vers un début de normalisation, en revanche, à Bruxelles, l'explosion verbale du commissaire européen à l'Énergie continue à provoquer des réactions en chaîne. La semaine dernière, Günther Öttinger avait qualifié d' « apocalypse » l'accident au Japon et appelé les Européens à envisager un « avenir sans nucléaire ». Il avait provoqué l'ire du ministre français de l'Énergie Éric Besson. Et avec l'organisation des « tests de résistance » des 143 réacteurs en activité sur le sol européen, Bruxelles et Paris vont à nouveau se retrouver sur une voie de collision. Le commissaire européen ne semble pas en effet avoir totalement renoncé à son idée d'européaniser l'exercice. « Il va falloir choisir les experts, et le faire ensemble. Ainsi, le résultat de ces évaluateurs aura une forte autorité », a dit Günther Öttinger. Pour Éric Besson, la compétence exclusive de l'Autorité de sûreté française, jugée « la plus exigeante au monde », ne fait aucun doute pour ce qui est des installations françaises, même si le ministre a laissé la porte ouverte à des « observateurs » étrangers. La France abrite plus du tiers du parc européen. Le rôle de la filière industrielle devrait également faire débat. « Nous intégrerons les opérateurs et les constructeurs mais les critères [de test], ce sont les autorités nationales et la Commission qui en décideront. Nous ne serons influencés par aucun tiers », a dit le commissaire.Autre pierre d'achoppement : les hypothèses à retenir pour évaluer les risques. Lundi, il est revenu à deux reprises sur les « risques d'inondation le long de la côte atlantique ». Il est « très important de tomber d'accord sur les critères et les probabilités [d'incident] et que les préoccupations des pays n'ayant pas de centrale soient prises en compte », a-t-il dit. De là à estimer que l'évaluation des chances d'une inondation au Blayais ne doive pas être laissée exclusivement aux experts français, il n'y a qu'un pas. « Stress tests » nucléairesEt c'est en fin de semaine à Bruxelles que les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Sept doivent arrêter une stratégie pour les « stress tests » nucléaires.Le précédent des « stress tests » bancaires conduits par les autorités nationales en 2010 a échaudé la Commission : la volonté de préserver les intérêts industriels nationaux avait primé sur l'objectif d'assainir collectivement le secteur. Cette année, les tests bancaires seront coordonnées par l'Autorité bancaire européenne.
Sur le nucléaire, la température monte entre Paris et Bruxelles
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