Sanofi modère ses ambitions dans la santé animale

Nouveau contretemps pour Sanofi-Aventis. Après plusieurs déboires sur ses médicaments en développement (les anticancéreux aflibercept et BSI-201), le laboratoire tricolore a annoncé, ce mardi, l'annulation de son projet de coentreprise avec l'américain Merck dans la santé animale.La clôture de l'opération, initialement prévue fin mars, avait d'abord été reportée au troisième trimestre 2011. En cause selon les deux groupes, « la complexité croissante de la mise en oeuvre de la transaction [...] liée à la fois à la nature et à la taille des cessions anticipées, ainsi qu'à la durée nécessaire » pour obtenir le feu vert des différentes autorités de la concurrence. Amorcée il y a un an, l'opération devait créer le numéro un mondial du secteur, en unissant les forces du numéro trois Merial (2,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier), filiale de Sanofi, et du numéro deux Intervet (2,9 milliards), tombé dans le giron de Merck depuis le rachat par celui-ci de son compatriote Schering-Plough, en 2009. Le nouvel ensemble aurait trusté 29 % du marché mondial. D'où l'injonction des autorités de la concurrence de céder quelque 500 millions de dollars d'actifs. « Merial est présent dans 140 pays et les actifs étaient trop fragmentés », indique-t-on chez Sanofi. Pourtant, plusieurs acquéreurs étaient sur les rangs (lire ci-contre). Mais, selon les proches du dossier, les autorités n'en étaient pas satisfaites. « L'essentiel des cessions concernait les vaccins, une activité très complexe où il n'était pas sûr que puisse émerger de véritable concurrent », détaille un connaisseur du secteur. Les analystes d'Oddo évoquent aussi des « désaccords internes ». De fait, l'accord pouvait sembler déséquilibré. Merial, spécialisé dans les produits pour animaux de compagnie, présente une rentabilité de l'ordre de 30 % selon un analyste cité par l'AFP, quand celle d'Intervet, orienté sur les animaux de rente, plafonne à 23 %. D'ailleurs, en Bourse, l'action du français n'a perdu que 0,8 % mardi. « Le rapprochement aurait permis à Sanofi d'être mieux armé face à la menace générique sur Frontline [son blobkbuster contre les tiques qui a perdu son brevet, Ndlr]. Mais la rupture lui évite de partager ses bénéfices », résume un expert. Pas de pénalités financièresLe français, qui avait déboursé 4 milliards de dollars en 2009 pour mettre la main sur les 50 % de Merck dans Merial - leur précédente coentreprise - va désormais pouvoir consolider la société à 100 %. La rupture n'inclut pas de pénalités financières, et évitera à Sanofi de débourser les 750 millions de dollars de soulte prévus. Elle prive cependant le groupe d'une place de leader sur un marché de 19 milliards de dollars, qui reste dominé par Pfizer (3,6 milliards de ventes) et qui combine forte croissance (5 % en moyenne) et absence de pressions réglementaires. Surtout, ce nouveau revers renforce les inquiétudes de certains observateurs sur la capacité de Sanofi à trouver durablement des relais de croissance. Audrey Tonnelier
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