Deux banques mises en examen dans une affaire d'escroquerie immobilière

Patrick et Monique Ladoue, un couple auquel la société immobilière aixoise Apollonia a fait contracter un prêt de deux millions d\'euros en 2009, disent vivre \"un enfer\" et qualifient de \"criminels\" les banquiers et notaires complices présumés.Lorsqu\'ils rencontrent pour la première fois, en juillet 2006, un conseiller d\'Apollonia, dont les responsables, mis en examen, auraient escroqué 700 foyers de l\'Hexagone en leur vendant pour un milliard d\'euros d\'appartements surévalués, les Ladoue pensent \"réaliser un complément de retraite\".Mais dès ce premier rendez-vous dans un luxueux hôtel parisien, sous \"la pression habile\" du conseiller, ils signent des compromis pour acheter 15 appartements meublés dans des résidences étudiantes et hôtelières. \"Cela paraissait sérieux, ils donnaient l\'impression d\'avoir épluché notre dossier\", se rappelle M. Ladoue, qui enseigne l\'ébenesterie d\'art.  société ApLa société encourageant le bouche-à-oreille, le couple était entré en contact avec Apollonia via sa fille et l\'ex-compagnon de celle-ci, qui, à 30 ans à peine, avaient souscrit un prêt de 1,8 M EUR.Le nom de grandes banques rassure\"On avait été mis en confiance par les parents\" du compagnon, des médecins, une clientèle prisée d\'Apollonia. \"Si le conseiller était venu nous démarcher directement, on n\'aurait jamais accepté\", assure M. Ladoue. \"Et puis voir des grandes banques, comme HSBC ou le Crédit Agricole, et des notaires, cela inspirait aussi confiance\", renchérit son épouse, conseillère d\'orientation à la retraite.\"L\'angoisse est venue quand les premiers relevés d\'opérations sont arrivés. Quand on a signé les compromis, il n\'y avait pas le montant des loyers (qu\'ils devaient percevoir, ndlr). Quand on a vu ces montants et que j\'ai mis les chiffres bout-à-bout, je me suis dit que l\'on allait droit dans le mur, qu\'on ne pourrait jamais rembourser\", se souvient M. Ladoue.Le couple rappelle alors le conseiller d\'Apollonia, seul élément de la chaîne qu\'ils aient rencontré, qui les \"menace\": \"Il nous disait qu\'on les prenait pour des voleurs et qu\'on aurait affaire à leur avocat\". Vient alors la peur de tout perdre, que les biens \"de toute une vie de travail\" ne soient saisis par les banques prêteuses. Ils tentent de léguer leur coquette maison de Ferrières (Charente-maritime) à leur fils pour qu\'elle ne soit pas saisie. Les banques \"nous ont traînés devant les tribunaux, disant qu\'on voulait sciemment les spolier\", fulmine le père de famille, qui a finalement pu léguer son bien.L\'investissement locatif tourne malLors d\'une sixième et dernière rencontre avec le conseiller, \"15 jours avant qu\'il ne soit arrêté\", en février 2009, ce dernier leur disait encore que \"tout allait s\'arranger\" et que la solution était \"d\'acheter de nouveaux appartements\", racontent-ils. Prenant alors contact avec l\'Asdevilm, l\'association de victimes dont la plainte en 2008 a entraîné l\'ouverture d\'une information judiciaire, les Ladoue décident de ne plus payer les banques et se retrouvent aussitôt menacés de saisies sur salaire, courriers d\'huissiers à l\'appui.Cette semaine, la mise en examen de deux banques -- le Crédit immobilier de France (CIF) et le Crédit Mutuel Méditerranéen -- pour escroqueries en bande organisée, complicité et recel selon les cas, après celle d\'une trentaine de personnes (personnel d\'Apollonia, notaires, courtiers en crédit et cadres bancaires) a fourni \"un premier soulagement\".Mais \"l\'histoire n\'est pas finie, on y pense tous les jours\", confient-ils.Rongé par le stress, M. Ladoue dû un jour être conduit aux urgences après s\'être évanoui. Comme trois victimes passées à l\'acte, \"j\'ai même pensé au suicide\", avoue-t-il : \"C\'est pourquoi j\'estime que ces banquiers et notaires sont des criminels\".
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