Bruxelles se veut ferme mais rassurante

Bruxelles veut transformer les agriculteurs en « entrepreneurs », libres de produire ce qu'ils veulent et dans les quantités qu'ils souhaitent, tout en maintenant un système d'aides directes. C'est la philosophie de la réforme de la politique agricole commune (PAC). Mais les agriculteurs, Français en tête, redoutent d'être soumis aux seules forces du marché. Voilà le contexte du débat sur le lait qui, de l'aveu même d'un lobbyiste à Bruxelles, est « totalement irrationnel aujourd'hui ». Pour expliquer la baisse des prix du lait, Philippe de Villiers avait, dès le mois de mai, accusé Bruxelles, bouc émissaire idéal en pleine campagne des européennes. La suppression programmée des quotas laitiers est alors devenue la mesure à abattre. Un véritable dialogue de sourds s'est ensuivi : les agriculteurs réclamant une baisse des quotas et les eurocrates estimant que ces derniers ne sont nullement responsables de la chute des prix. Michael Mann, porte-parole de la Commission, est formel : « La production de lait a baissé en dépit d'une hausse des quotas et on se situe actuellement 4.5 % en dessous de la production autorisée. »Ironie de l'histoire, en vingt-cinq ans, le débat s'est inversé. Le régime des quotas a été mis en place en 1984, « de façon provisoire », rappelle la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer-Boel, pour limiter la production. Et ce, au grand dam des agriculteurs de l'époque. À présent, les Vingt-Sept ont prévu de supprimer peu à peu ces quotas d'ici à 2015, en les relevant de 1 % chaque année, mais les agriculteurs en défendent désormais le principe régulateur. Lors de sa mise en place en 1962, la PAC avait pour objectif d'accroître la productivité et d'assurer des prix raisonnables aux consommateurs. À présent, le débat est plutôt de limiter la production et d'assurer des prix raisonnables pour les producteurs.déficit d'informationÀ Bruxelles, on ne manque pas de rappeler que la situation des prix est difficile, mais pas dramatique. Le problème, c'est que 2008, avec la crise alimentaire, a connu une flambée des prix, qui sont depuis revenus au niveau de 2007. C'est justement cette volatilité qui incite agriculteurs et responsables politiques à appeler au maintien d'une certaine régulation. « Les agriculteurs ne comprennent pas tous bien la PAC, mais c'est dû à un déficit d'information », reconnaît un de leurs représentants à Bruxelles. Bruno Le Maire, le ministre français de l'Agriculture, a proposé une réunion extraordinaire à ses homologues début octobre pour trouver une issue. D'ici là, Mariann Fischer-Boel se veut optimiste : « Nous voyons les premiers signes que les prix augmentent. En un mois, les prix du beurre européen ont augmenté de 10 % », constate-t-elle. Y.-A. N., à Bruxelle
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