Lisbonne passe à son tour le test des marchés au prix fort

Quatrième pays « périphérique » à venir se financer cette semaine, le Portugal a lui aussi dû payer le prix fort pour placer sa dette, soulignant un peu plus le fossé qui s'est creusé sur les marchés obligataires européens. Pénalisé par un déficit budgétaire et un endettement de respectivement 9,4 % et 77 % du PIB en 2009, le Portugal a ainsi dû concéder en fin de matinée des taux de 4,69 % et 6,24 % sur ses deux émissions de dette à 4 ans et 10 ans, qui ont totalisé 750 millions d'euros. Au même moment, le meilleur élève de la zone euro, l'Allemagne, a adjugé à seulement 1,52 % ses 4,7 milliards d'euros d'obligations à 5 ans.Contexte de crainteCertes, l'opération portugaise a été largement sursouscrite par les investisseurs, qui ont offert un total de 3 milliards d'euros d'ordres d'achat. Tout comme les émissions de l'Irlande, de la Grèce et de l'Espagne intervenues ce mardi, cette levée confirme que, malgré les inquiétudes suscitées par l'état de leurs finances, les pays périphériques disposent d'un réservoir d'investisseurs pour se financer, sans faire appel au plan de stabilité européen de 750 milliards d'euros mis en place début juin. Mais ils doivent mettre le prix.À l'instar de l'émission irlandaise de ce mardi, lors de laquelle Dublin a dû payer 1 point de pourcentage d'intérêts de plus qu'en août pour placer sa dette, Lisbonne a vu son coût d'emprunt augmenter significativement ces dernières semaines. Le 8 septembre dernier, le Portugal avait ainsi émis des titres à 10 ans à 5,97 %, et à seulement 5,30 % le 25 août. Ce bond des taux n'a d'ailleurs pas incité Lisbonne à faire le plein d'argent frais, alors que l'agence de la dette portugaise avait initialement prévu de lever ce mercredi jusqu'à 1 milliard d'euros.Sur le marché secondaire, le taux à 10 ans portugais se détendait nettement dans le sillage de l'émission réalisée par Lisbonne. Après avoir touché lundi son plus haut niveau depuis 1997, à 6,43 %, le taux lusitanien se détendait de 17 points de base (soit 0,17 %) ce mercredi, à 6,13 %. Le taux à 10 ans irlandais, qui s'était lui aussi affaissé d'environ 20 points de base mardi après avoir franchi lundi le seuil de 6,50 % pour la première fois depuis 1997, restait inchangé à 6,28 %.Dans un contexte de crainte sur la reprise favorable aux valeurs refuges, un grand écart s'est produit cette année sur les marchés de taux entre la référence allemande et les pays « périphériques ». Alors que le taux allemand à 10 ans a baissé de 100 points de base, à 2,34 %, les taux portugais et irlandais ont bondi de 150 et 200 points, à 6,12 % et 6,28 %. J. B.
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