Une nouvelle ruée vers l'or

métal précieuxMerci de ramener chez vous vos rivières de diamant. » Voilà en substance le message adressé par HSBC l'été dernier aux particuliers qui louent des coffres dans son bunker de la 5e Avenue, à New York. La banque suisse, qui est de loin le premier intermédiaire sur l'or, a besoin de place pour caser ses lingots. Et tant pis pour ses clients : il est nettement plus intéressant pour la banque d'empiler des barres de 1 kilo, labellisées « London Bullion Market Association », celles qui concentrent un maximum de valeur au centimètre cube.Au fil des mois, le coût de stockage du métal jaune ne cesse de grimper en raison d'une véritable ruée vers l'or qui le tire vers des records historiques. Début décembre, l'once du très précieux métal touche en effet les 1.227 dollars. Ajustés de l'inflation, ces records n'en sont plus : l'once a valu l'équivalent de 2.100 dollars en janvier 1980. Mais les perspectives de hausse sont telles que chacun souhaite en détenir. Même les fonds réputés pour leur appétit pour le risque achètent de l'or.« relique barbare »« Avec les particuliers, les hedge funds sont nos principaux clients », assure Pierre-Antoine Dusoulier, président de Saxo Bank. Pourtant, l'or présente la particularité d'être un actif inutile, une « relique barbare » : contrairement aux obligations ou aux actions, il ne rapporte strictement rien. Mais les baisses successives de taux d'intérêt ont ramené le loyer de l'argent près de zéro, si bien que la faible rentabilité de l'or passe presque inaperçue désormais. D'autant que la lente dégringolade du dollar et le débat naissant sur le statut de la devise américaine alimentent son aura. Après les pétromonarchies, la Chine ne cesse de critiquer le rôle proéminent du billet vert, notamment dans les transactions entre pays d'Asie. L'empire du Milieu joue un jeu dangereux puisque ses propres réserves de change sont principalement libellées en dollars. Mais Pékin joue sur tous les tableaux et renforce, comme l'Inde d'ailleurs, ses réserves en or.Autre facette de la baisse du dollar, la crainte d'un retour de l'inflation joue aussi dans la hausse de l'or. « Maintenant, ce sont les conditions de sortie de récession qui inquiètent ; les banques centrales devraient avoir la tentation de laisser filer l'inflation dans un premier temps, pour que la reprise s'installe », remarque Frédéric Lasserre, responsable de la recherche sur les matières premières à la Société Généralecute; Générale. Pour se protéger de la perte de valeur de leurs actifs, les investisseurs recherchent un refuge physique, dans le pétrole et les métaux de base, mais avant tout dans l'or.produits attractifsÀ ce titre, l'or est-il devenu l'immobilier des années 2010 ? « C'est possible. Avec la crise, l'or apparaît comme un actif sûr, puisqu'il peut servir de monnaie de dernier recours. La hausse de l'or est faite pour durer », assure Nicolas Rajner, chez ETF Securities. Sur les marchés, les volumes traités battent tous les records, à la fois sur les marchés à terme et les échanges au comptant. Mais ce sont surtout les fonds adossés à de l'or physique, les ETC (ou « exchange traded commodities ») qui font l'objet de toutes les attentions. Ces produits tout simples, qui agrègent des lingots, présentent un attrait phénoménal pour les investisseurs, qui achètent ainsi de l'or sans se préoccuper du stockage. Le premier ETC sur l'or, le SPDR, occupe désormais la sixième place parmi les détenteurs d'or, entre la Banque de France et la Banque Nationale Suisse.
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