Marché de l'art : derrière le rebond, ? la chute

En 2010, le marché français de l'art aura fait nettement mieux que le CAC 40, moins chahuté que la Bourse par la crise de la zone euro, si l'on en croit l'estimation d'Artprice pour 2010 : le produit des ventes aux enchères hors taxes a atteint cette année 336 millions d'euros en France, soit une hausse de 17,5 % sur 2009 si l'on exclut les 207 millions d'euros tirés de la dispersion de la collection Yves St Laurent en 2009. Alors, enfin le grand retour de la France, celle qui en 1950 régnait sans partage sur le marché mondial de l'art ? Hélas, non ! Car après la crise 2008-2009, qui a aussi touché le marché de l'art, ce sursaut est moitié moins fort que le rebond des ventes aux enchères en Europe. Cette année, selon l'observateur Artprice, la France représente moins de 15 % des 2,2 milliards d'euros de ventes aux enchères en Europe, et sans doute pas plus de 6 à 7 % des ventes mondiales... En 2007, la Chine lui a ravi la troisième place mondiale. Et il se murmure qu'en 2010 ou 2011, l'Allemagne et l'Italie pourraient la renvoyer à la sixième place. « Le marché français, ce n'est plus grand-chose, regrette Thierry Ehrmann, fondateur et président d'Artprice. Pas plus qu'une grosse semaine de ventes à New York... »LibéralisationIl faut dire que l'affaire Drouot, qui se solde par la mise en examen de la quasi-totalité des cent-dix commissaires priseurs de la maison Drouot, laquelle pèse pas moins de 46,5 % des transactions en France et 23 % du produit des ventes, a fini d'achever la place agonisante de Paris. Ce qui aura sans doute contribué à l'ultime sursaut des pouvoirs publics, pressés depuis quatre ans par Bruxelles d'ouvrir enfin le marché des ventes aux enchères. Ils ne pouvaient plus tergiverser sans courir le risque d'une amende qui se serait chiffrée en milliards d'euros... La réforme que vient de voter le parlement, et qui a été publié ce mardi, prévoit enfin une totale libéralisation du marché français de l'art : l'autorisation préalable des ventes est supprimée, la notion même de commissaire priseur est abolie, comme celle de maison de ventes, pour laisser la place à celle d'« opérateur de ventes aux enchères ». Une reconnaissance tacite, en somme, des ventes sur Internet, que réclamait le site Artprice depuis des années. C'est un monopole de 555 ans qui vient de tomber.
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