L'économie allemande va manquer d'élan en 2010

L'année qui s'achève restera comme la pire de l'histoire économique allemande de l'après-guerre, avec un recul du PIB proche de 5 %. Pourtant, depuis mars, la première économie européenne a repris son souffle et affiche une croissance supérieure à celle de ses voisins (+ 0,7 % au troisième trimestre, par exemple). La plupart des économistes ont donc, au cours des dernières semaines, révisé à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2010.On est cependant encore loin d'un optimisme sans frein. Les prévisions de croissance pour 2010 vont ainsi de 1,2 % pour le gouvernement à 2,8 % pour Allianz, la Bundesbank penchant pour 1,6 % et les principaux instituts pour 1,7 % en moyenne. Le rythme demeure donc poussif. Actuellement, l'Allemagne profite du rattrapage du commerce mondial. Bien des commandes mises en attente au pire de la crise ont finalement été passées et les entreprises ont pu vider leurs stocks et recommencer à les reconstituer. Mais ce phénomène va naturellement s'atténuer. Déjà, le ministère des Finances vient de signaler un ralentissement de la croissance en fin d'année.un petit supplémentOr il n'y a guère de relais de croissance. L'Allemagne retrouve ses habitudes : sa forte dépendance aux exportations qui, selon les banques mutualistes BVR, vont apporter 60 % de la croissance l'an prochain. Seul l'État fournira, grâce aux plans de relance déjà votés, un petit supplément. Mais il devra penser à réduire ses dépenses en 2011. En face, la consommation des ménages manquera toujours à l'appel. Au mieux, les économistes tablent sur sa stagnation l'an prochain. L'indice de confiance des consommateurs de GfK a d'ailleurs encore reculé mardi pour le troisième mois consécutif. Les ménages redoutent en effet encore le chômage. Certes, le marché de l'emploi a fort bien résisté jusqu'à présent, mais une dégradation semble inévitable : il va falloir s'adapter à un niveau de production encore bas et réduire le travail temporaire qui est encore élevé et devient coûteux. La Bundesbank, comme l'institut IfW de Kiel, prévoit ainsi 3,8 millions de chômeurs en 2010, soit 400.000 de plus que cette année, et la hausse pourrait se poursuivre en 2011. Il est vrai que Norbert Walter, chef économiste de la Deutsche Bank, ne prévoit pas de retour au niveau de PIB d'avant la crise avant 2012.Romaric Godin, à Francfort
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