Mythes et réalités sur la Chinafrique

La percée diplomatique et commerciale de la Chine en Afrique depuis une dizaine d'années suscite de nombreuses critiques de la part des bailleurs de fonds traditionnels (États-Unis, Europe, Japon) du continent. Deborah Brautigam, professeur d'université aux États-Unis, a sillonné l'Afrique et la Chine pour tenter de démêler le vrai du faux. Son livre, « The Dragon's Gift : the Real Story of China in Africa » (Oxford University Press), tord le coup à pas mal d'idées reçues.L'aide de la Chine est d'abord de nature politique. Elle est accordée à tous les pays africains ne reconnaissant pas Taiwan. Et les montants ne sont pas plus importants dans les pays riches en ressources naturelles. Pékin a une philosophie de l'aide assez différente de celle des bailleurs de fonds occidentaux. Les prêts massifs accordés par la Chine aux pays comme le Congo-Kinshasa ou l'Angola, pour construire des infrastructures remboursées en matières premières, s'inspirent de sa propre expérience. « Il y a une trentaine d'années, le Japon a proposé à la Chine un prêt de 10 milliards de dollars pour exploiter son pétrole avec des technologies japonaises, raconte Deborah Brautigam. Cette proposition, très controversée à l'époque, ne s'apparentait pas à de l'aide puisque le prêt n'était pas concessionnel. Mais ce transfert de technologie s'est révélé payant pour la Chine qui réplique le modèle en Afrique. »Le financement d'infrastructures remboursé en nature fait que l'argent ne passe pas entre les mains des gouvernements africains. Les possibilités de détournements de fonds, fréquents dans les pays riches en ressources naturelles, en sont considérablement réduites. Une part importante des prêts gagés - contre pétrole - accordés par de grandes banques occidentales pendant la guerre civile en Angola, a été détournée. Le prêt de 2 milliards de dollars accordés par Eximbank en 2004 sera remboursé en pétrole sur dix-sept ans. Mais finance exclusivement des projets d'infrastructures.Environ 140.000 chinois travaillent pour des entreprises chinoises en Afrique. Mais ils ne représentent que 20 % des salariés employés par ces entreprises, les 80 % restants étant des Africains.« La Chine n'est pas plus à l'aise avec les régimes dictatoriaux que les pays occidentaux », estime Deborah Brautigam. Pour le Soudan, les administrations de Bush et d'Obama ont reconnu que Pékin avait joué un rôle actif dans la crise du Darfour. La Chine, membre permanent du conseil de sécurité, ne s'est pas opposée aux poursuites engagées par le Tribunal pénal international contre le président soudanais Omar el-Bechir. X. H.
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