Les entreprises applaudissent l'abandon de la taxe carbone

Parée de toutes les vertus environnementales il y a quelques mois, la taxe carbone est aujourd'hui l'objet de toutes les critiques. Jouant sur les mots, le Premier ministre n'a jamais évoqué son « abandon ». Et son entourage, harcelé de questions, a également assuré de son côté qu'il ne s'agissait aucunement de son « abandon pur et simple ».C'est pourtant bien d'un enterrement de première classe dont il fut question hier mardi, sous l'impulsion du Premier ministre. François Fillon, qui s'exprimait devant les députés UMP deux jours après les élections régionales, leur a en effet annoncé qu'il n'y aurait pas de taxe carbone au 1er juillet comme prévu initialement. « Il faut que toute les décisions en matière de développement durable soient analysées à l'aune de notre compétitivité. Cela vaut pour la taxe carbone », a expliqué le chef du gouvernement. Afin de contourner la difficulté d'un procès en renoncement, François Fillon a expliqué que la taxe carbone verrait le jour seulement à la condition expresse « qu'il y ait un accord européen » d'ici le 1er juillet. Sauf à ce que des négociations ultrasecrètes aient actuellement cours entre les vingt-sept états membres et soient à ce point avancées qu'elles aboutiraient à un consensus dans les semaines qui viennent, on peut néanmoins légitimement penser que la taxe carbone version française est désormais carbonisée pour plusieurs années. Pour mémoire, on peut rappeler qu'il aura fallu plus de 14 ans pour que la baisse de la TVA dans la restauration soit acceptée par les autorités européennes.« L'écologie est une priorité absolue pour [Nicolas Sarkozy], même si c'est difficile et même si on est à trois mois d'une échéance électorale », déclarait la secrétaire d'état à l'écologie, le 30 janvier dernier, au lendemain de la censure de la taxe par le Conseil constitutionnel. Le chef de l'état est « très détermin頻 à imposer « l'un de ses engagements », insistait-elle. Trois mois et un scrutin plus tard, Chantal Jouanno est sérieusement contredite. En revanche, le Medef s'est immédiatement réjouit, expliquant qu'il « avait su convaincre ». « Nous avons été entendus », glissait-on avec délice dans l'entourage de la présidente Laurence Parisot. Une façon discrète de saluer l'intense travail de lobbying de l'organisation patronale afin d'éviter une extention de la taxe aux entreprises soumises aux quotas d'émissions, comme le demandait le Conseil constitutionnel. Un « ballon d'oxygène »Plus explicite et plus directe, la CGPME s'est « réjouie de ce ballon d'oxygène ». L'abandon de la taxe carbone permet en effet aux entreprises de bénéficier d'un bol d'air de 950 millions d'euros en 2010, si celle-ci avait été mise en oeuvre à compter du 1er juillet de cette année, comme prévu initialement. En année pleine, la facture verte aurait atteint 1,9 milliard, selon les estimations de Bercy. Un coup de pouce qui s'ajoute aux 12 milliards d'allègements fiscaux consécutifs à la réforme de la taxe professionnelle, entrée en vigueur dès le début de l'année. n (Voir aussi page 20.)
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