De nombreuses questions subsistent sur les modalités du soutien à Athènes

Si la Grèce a bien demandé officiellement l'aide de la communauté internationale - Union européenne et Fonds monétaire international - ce vendredi, à la suite d'une journée épique la veille, au cours de laquelle son ratio de déficit sur PIB avait été une fois de plus revu à la hausse, les marchés n'étaient pas calmés pour autant. Les rendements à 10 ans, qui s'étaient tendus jusqu'à 8,8% jeudi, ne s'étaient repliés qu'à 8,65% en fin de journée de vendredi. La raison en est simple : "L'argent n'est pas prêt", fait ainsi remarquer Jacques Cailloux, chef économiste pour l'Europe à la Royal Bank of Scotland, à Londres. Certes, la Grèce, qui doit faire face à une échéance de 8,1 milliards d'euros sur sa dette le 19 mai prochain, ne devrait pas, sauf incident inédit, avoir besoin de fonds avant cette date. Processus laborieuxMais les marchés restent circonspects. Et s'inquiètent du marathon visant à débloquer les sommes que chacun des membres de la zone euro pourrait mettre à disposition de la Grèce. Le processus au terme duquel la zone euro va apporter sa contribution peut paraitre « un peu lent aux yeux des marchés (...), laborieux, désordonné mais chaque pays a ses règles », a ainsi admis la ministre de l'Economie française Christine Lagarde, lors d'un point presse, vendredi matin à Washington. Les ministres des Finances des principaux pays de la planète (G20) se retrouvent dans la capitale américaine à la veille des réunions de Printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, ce week-end. Prudente, Christine Lagarde a néanmoins indiqué que la contribution française "serait finalisée autour du 9 ou 10 mai". Elle a soumis mercredi dernier au Parlement une disposition permettant au gouvernement d'engager une contribution de 6,3 milliards d'euros pour la première année du plan grec. Quel montant ? Reste à savoir aussi quelle sera l'ampleur de la première tranche versée, sur une enveloppe totale de l'ordre de 40 milliards d'euros, dont 30 milliards de prêts bilatéraux consentis par la zone euro. Selon les spécialistes, la première tranche pourrait s'élever à 20 ou 25 milliards d'euros et respecter les mêmes proportions (contributions des pays de la zone euro et du FMI) que le plan dans son ensemble. Cette somme permettrait à la Grèce de faire face à toutes ses échéances d'ici la fin de cette année. Au total, les montants nécessaires seraient de 32 milliards d'euros, selon les estimations officielles grecques données à la fin mars. A quel taux d'intérêt serait le prêt ? « Les conditions fixées par l'Europe diffèrent en deux points sur celles du FMI », a expliqué la ministre de l'Economie française, « nous sommes en taux fixe et le FMI en taux variable, nous sommes un peu plus cher ». Tous les scénariosLa zone euro consent des prêts à taux variable sur la base de l'Euribor à trois mois plus 300 points de base, contre 100 points de base prévus par le FMI pour les maturités dépassant trois ans. « A cela s'ajouteront 50 points de base de commission pour les coûts opérationnels comme le prévoit le FMI », a souligné Christine Lagarde. « Nous avons prévu le 11 avril que, s'il était calculé aujourd'hui, le taux d'intérêt s'élèverait à 5% », a-t-elle rappelé s'agissant de la zone euro. Pour l'instant, personne ne sait quel sera le taux du prêt. Les opérateurs sur les marchés envisagent tous les scénarios, y compris les plus noirs. Le pire serait une restructuration de la dette, au cas où le plan d'aide international ne produirait pas les effets escomptés.
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