S&P juge le Livret A "pénalisant" pour les banques françaises

Standard & Poor’s (S&P) crie haro sur le Livret A. Dans une note publiée ce vendredi, l’agence de notation financière juge le placement préféré des Français "pénalisant" pour les banques françaises. Il est vrai que, si les banques distribuent le Livret A, elles doivent cependant rediriger 65% de sa collecte vers la Caisse des dépôts. Laquelle utilise cette manne – les sommes déposées sur le Livret A s’élevaient à 264,6 milliards d’euros fin avril- pour le financement de logements sociaux et autres missions d’intérêt général.Or, dans le cadre de la réglementation dite de Bâle III, qui devrait entrer en vigueur en Europe début 2014, et qui imposera aux banques de renforcer leurs ratios de solvabilité et de liquidité, celle-ci seraient bien aises de pouvoir garder une plus grande part de la collecte du Livret A dans leurs bilans.Une "distorsion de marché"Le placement favori des Français est devenu encore plus pénalisant pour les banques depuis que son plafond a été relevé, en octobre 2012 et en janvier 2013, de 25% à chaque fois, insiste S&P (il est aujourd'hui de 22 950 euros) . Ces relèvements "ont renforcé l’attractivité du Livret A pour les ménages", au détriment des dépôts bancaires classiques, précise l’agence de notation. Qui n’hésite pas à affirmer que le Livret A "crée une distorsion de marché." D’autant plus que "le régulateur détermine le taux de rémunération du Livret A en utilisant une formule qui, en général, positionne ce taux au-dessus de ceux du marché", poursuit S&P. De fait, bien que ramené de 2,25% à 1,75% le 1er février dernier, le niveau de rémunération du Livret A, de surcroît net d’impôts, demeure attrayant, compte tenu du contexte de baisse générale des taux. La preuve, sur les cinq premiers mois de l'année, la collecte nette (dépôts moins retraits) du Livret A reste supérieure à celle de la même période de 2012, à 14,88 milliards d'euros.Il y a près d’un an, en août 2012, c’est l’agence de notation Moody’s qui avait tiré la sonnette d’alarme au sujet du Livret A, estimant que le relèvement de son plafonds rendrait la collecte des dépôts classiques plus difficile pour les banques françaises. Plus récemment, en avril, la Fédération bancaire française (FBF) elle-même s’était fendue d’un communiqué relatif à l’augmentation du plafond du Livret A, dénonçant le risque de "transferts massifs de l’épargne bancaire vers le Livret A, (avec) pour effet de freiner la capacité des banques à financer l’économie française."Des notes assorties de perspectives négativesLa concurrence du Livret A n’est pas la seule inquiétude que S&P nourrit au sujet des banques françaises. L’agence pointe du doigt "la diminution du potentiel de croissance de la France", qui devrait subir en 2013 une récession de 0,1% d’après les prévisions fournies jeudi par l’Insee. Or les revenus des banques sont étroitement corrélés au Produit intérieur brut : un environnement économique en berne n’incite ni les entreprises ni les ménages à souscrire des crédits bancaires. Pas étonnant, dans ces conditions, que les notes de solvabilité de BNP Paribas, de la Société générale, du Crédit agricole et de BPCE soient toutes assorties de perspectives négatives.  
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