Nicolas Bouzou : "La France est enfin sortie de la récession"

Le 14 juillet, lors de sobn interview télévisée, François Hollande a indiqué que « la reprise [était] là ». Alors que l\'Insee publie ce mardi des statistiques encourageantes, partagez-vous l\'avis du président de la République ?Oui, en partie, même si le terme de reprise doit être un peu nuancé tant le cycle conjoncturel est atypique. Toutefois, les signes de reprise sont suffisamment nombreux pour que l\'on puisse dire que la France est sortie de la récession.Depuis quand ? C\'est une tendance très récente. Début août, l\'Insee devrait d\'ailleurs indiquer une nouvelle basse de l\'activité au deuxième trimestre.Quels sont les moteurs de la croissance ?Parler de moteurs est peut-être excessif... Disons que l\'investissement de renouvellement était tombé si bas qu\'il commence à repartir. Même chose pour les stocks. Après plusieurs mois de déstockage, les entreprises sont bien obligées de relancer leur production pour regarnir leurs stocks et répondre à la demande qui, fort heureusement, ne s\'est pas effondrée malgré l\'érosion du pouvoir d\'achat des ménages et la chute des marges des entreprises. Quant au commerce extérieur, il devrait également contribuer à la reprise. Les exportations hors de la zone euro, notamment les Etats-Unis, le Japon et le Royaume-Uni repartent.La compétitivité de l\'industrie française n\'est donc pas si dégradée ?Certes, l\'industrie ne représente plus que 12% du PIB, mais elle a encore un réel effet d\'entraînement sur l\'économie française. Elle a encore une carte à jouer à l\'export. Quant à la question de la compétitivité, le rapport Gallois a été très clair sur ce point, et en particulier sur le sujet du coût du travail. Tout dépend de l\'avenir que l\'on souhaite pour l\'industrie et l\'économie tricolores au sens large. Si l\'on veut que le PIB ne dépasse pas 1% de croissance chaque année, mettons les réformes de côté. Si l\'on veut que la France crée des emplois, notamment industriels, tire parti du dynamisme du commerce mondial et affiche durablement un taux de croissance annuel supérieure à 2,5%, appliquons les recommandations faites par Louis Gallois.Pour restaurer la compétitivité des entreprises, le gouvernement a lancé le crédit d\'impôt pour la compétitivité et l\'emploi (CICE). Que pensez-vous de ce dispositif ?Il est injustement décrié. Certes, on peut lui reprocher un certain manque de simplicité. Quelques réglages sont peut-être à faire. Et encore ! Je pense que les chefs d\'entreprises sont confrontés au quotidien à des difficultés bien plus redoutables. Dans certains secteurs, notamment la logistique et le transport où les marges sont faibles, cet outil peut redonner un peu d\'air aux entreprises en restaurant leurs capacités d\'investissement. En revanche, il ne devrait pas être assez puissant pour leur permettre d\'embaucher.Si reprise il y a, une baisse du nombre de demandeurs d\'emplois est-elle envisageable dans les prochains mois ?Le chef de l\'Etat et le Premier ministre martèlent que la courbe du chômage s\'inversera d\'ici la fin de l\'année. Cette hypothèse paraissant peu probable, le gouvernement compte sur la très forte montée en puissance des contrats aidés et notamment des contrats d\'avenir pour faire baisser le nombre de chômeurs sur un ou deux mois avant janvier. Mais pour que le taux de chômage baisse véritablement, il faut que la croissance reparte à un rythme supérieur à 2% et qu\'elle soit durable, c\'est-à-dire qu\'elle se prolonge au-delà d\'un semestre. Il faut aussi que des gains de productivité massifs soient réalisés. Pour l\'instant, ces trois conditions ne sont malheureusement pas réunies.Quelles sont vos prévisions de croissance pour 2013 ?Malgré la reprise au second semestre, l\'activité devrait reculer de 0,3% cette année, avant de progresser à un rythme compris entre 0,8% et 1% en 2014. 
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