Ryanair prêt à faire évoluer son modèle

C'est peut-être le début d'une révolution. Vingt ans après avoir pris le virage low-cost avec un énorme succès, Ryanair est prêt à faire évoluer son modèle en cessant de se concentrer sur la seule desserte des petits aéroports pour aller aussi vers des plates-formes plus importantes. Dans un entretien à l'agence Bloomberg, le directeur général de la première compagnie européenne à bas coûts, Michael O'Leary, a en effet indiqué regarder des ouvertures de lignes vers tous les grands aéroports européens à l'exception des trois plus importants : Londres Heathrow, Paris-Charles de Gaulle, et Francfort. Cela, en parallèle de la desserte des petits aéroports. Certes plus coûteux, les grands aéroports autorisent une hausse des prix des billets grâce à un plus grand volume de clientèle professionnelle. C'est le choix fait par EasyJet en 2004.Entorse à sa stratégiePour Ryanair, il s'agirait d'une entorse à sa stratégie originelle calquée sur celle de l'américaine Southwest, la pionnière et la plus importante low-cost au monde. En effet, la desserte des petits aéroports permet de bénéficier de redevances aéroportuaires moins élevées et d'augmenter la productivité des avions. Moins saturés que les grandes plates-formes, ces petits aéroports autorisent des demi-tours très rapides entre l'atterrissage et le décollage (vingt-cinq minutes). Les avions volant davantage, les coûts fixes sont ainsi répartis sur un plus grand nombre d'heures de vols (douze à treize heures par jour, contre huit heures chez Air France). Ce point est le principal facteur de la différence de coûts entre les low-cost et les compagnies traditionnelles, tributaires d'un réseau organisé en correspondances. Enfin, le choix des petits aéroports, souvent délaissés par les grandes compagnies, a permis à Ryanair de dicter sa loi aux collectivités territoriales en monnayant sa présence. Outre les énormes rabais sur les redevances ou l'assistance en escale, Ryanair reçoit des aides financières en échange de publicités sur son site Internet. Ryanair est la compagnie européenne la plus rentable d'Europe. Alors pourquoi changer, sachant que le potentiel de croissance est encore réel, que les marges de manoeuvres sont plus réduites sur les grands aéroports et que le créneau est déjà bien occupé par EasyJet ? « La direction de Ryanair est pragmatique. Si elle peut obtenir sur les grands aéroports des conditions identiques à celles obtenues sur les petits, elle n'hésitera pas à déroger à son système. C'est ce qu'elle fait à Barcelone. Pas sûr, donc, que cela réponde à une stratégie très poussée. Ryanair peut continuer sur son créneau actuel encore cinq à dix ans », répond Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. Pour autant, ce modèle reste fragile dans la mesure où il repose essentiellement sur les aides financières des régions. Et qu'il fait l'objet de nombreuses plaintes en Europe, en particulier d'Air France qui dénonce ces subventions. Si Ryanair est prêt à aller vers des grands aéroports en raison de ces plaintes, Air France ne pourra que s'en mordre les doigts. Il vaut mieux avoir Ryanair à Rodez qu'à Orly !

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