GDF Suez joue à quitte ou double sa présence dans l'atome en France

La légendaire patience et le sens diplomatique de Gérard Mestrallet semblent avoir trouvé leur limite. Le patron de GDF Suez, qui ambitionne depuis de longues années de devenir un acteur du nucléaire en France, vient de faire un pied de nez au gouvernement, pourtant décisionnaire. Comme l'ont révélé « Les Echos », il a annoncé début septembre au Premier ministre sa décision de ne pas participer à l'EPR qu'EDF doit construire à Penly (Seine-Maritime). Or, l'Elysée avait fait de cette participation un préalable à toute autorisation, pour le groupe, de construire et d'exploiter, un jour, seul, une centrale nucléaire en France.Montage impossible« On n'a pas vocation à financer les projets d'EDF », grince-t-on en interne chez GDF Suez. Candidat en 2008 pour construire le deuxième EPR français, le groupe avait non seulement été retoqué, mais obtenu un rôle qui n'a cessé, depuis, de se réduire. En janvier 2009, l'Elysée indiquait que « GDF Suez sera associé à ce projet ». Mais, au final, le groupe s'est retrouvé simple actionnaire, à hauteur de 25 %, de cet EPR dont le coût est estimé à 5 milliards d'euros. Entre-temps, Gérard Mestrallet avait caressé l'idée d'être « co-exploitant » avec EDF. Montage jugé impossible par l'Autorité de sûreté nucléaire qui exige un seul responsable. Henri Proglio, arrivé à la tête d'EDF fin 2009, a pesé de tout son poids dans la mise à l'écart de son rival. Ce revers n'avait pas semblé ébranler la détermination de Gérard Mestrallet qui a renouvelé, au printemps, sa candidature pour bâtir une centrale nucléaire dans la vallée du Rhône. Habile, il propose désormais de construire un Atmea, petit frère de l'EPR, pour offrir une vitrine française à ce produit conçu pour l'exportation par Areva. Officiellement, sa proposition reste d'actualité. Sauf qu'en laissant tomber Penly, GDF Suez offre une belle porte de sortie au gouvernement, déjà très réticent à l'idée de braver opinion publique et syndicats en autorisant un exploitant nucléaire privé en France. « GDF Suez ferait mieux de prendre ce qu'on lui propose à Penly. Il n'a pas construit de centrales depuis des années. Il doit saisir cette occasion de mettre à niveau ses compétences », indiquait récemment une source proche de l'Elysée. Gérard Mestrallet a souvent dit que son groupe pouvait se passer de la France pour croître dans le nucléaire. Quand il propose de construire des centrales au Brésil, en Jordanie ou en Europe de l'Est, il met en avant l'expertise de sa filiale belge Electrabel qui exploite 7 réacteurs outre-Quiévrain. Mais le fait de ne pas avoir la « caution » du gouvernement français handicape sa crédibilité. Lors de l'appel d'offres d'Abu Dhabi, le client avait exigé que GDF Suez soit remplacé dans le consortium par EDF. Marie Caroline Lopez
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