La décollecte du livret A s'amplifie

Lentement mais sûrement, la décollecte se poursuit sur le livret A. En octobre, selon les chiffres publiés hier par la Caisse des dépôts, les retraits enregistrés par le populaire livret ont été supérieurs de 1,42 milliard d'euros aux dépôts. Un montant modeste si on le rapporte à l'encours total de 183 milliards d'euros. Il n'empêche. Ce chiffre renvoie aux niveaux historiques de décollecte enregistrés au cours des dix dernières années (? 1,5 milliard en février 2000 et ? 2 milliards en septembre 1999). Surtout, le flux mensuel négatif relevé à cinq reprises depuis le début de l'année a effacé les entrées nettes accumulées depuis février. En clair, au 31 octobre, l'encours total du livret A est inférieur de 300 millions à ce qu'il était au 31 janvier.Le premier mois de l'année avait été exceptionnel : porté par la banalisation du produit d'épargne ? aujourd'hui distribué par tous les réseaux bancaires ? et une rémunération de 4 %, le vénérable livret A avait connu un rare succès, avec une collecte nette de 18,3 milliards. On sait maintenant qu'une partie de cette moisson du tout début d'année sera perdue. Sur l'ensemble de l'année, la collecte nette devrait avoisiner 15 milliards d'euros, nettement moins qu'en 2008, année historique il est vrai avec un bond de 22,6 milliards de l'encours. La crise économique et la chute de la rémunération du livret, tombée de 4 % à 1,25 % en quelques mois, sont passées par là.la cdc se veut rassuranteDu coup, les organismes HLM s'inquiètent, parce que le livret A est l'instrument qui permet de financer le logement social. Le 9 novembre dernier, l'USH (Union sociale pour l'habitat) appelait « à la vigilance sur le mouvement de décollecte ». Mais la sérénité règne à la Caisse des dépôts, qui centralise dans ses « fonds d'épargne » une partie des capitaux drainés sur le livret A, le livret de développement durable (LDD, ex-Codevi) et le livret d'épargne populaire (LEP). Sur 210 milliards d'euros ainsi centralisés, 100 milliards sont prêtés pour financer le logement social et la politique de la ville, et dans une moindre mesure les infrastructures et les hôpitaux. Le reste est investi, essentiellement dans des produits de taux très peu risqués comme les emprunts d'État.Or depuis le 1er janvier, la Caisse des dépôts a la garantie qu'elle pourra centraliser un volume de collecte au moins égal à 125 % des prêts au logement social et à la politique de la ville. Un décret a par ailleurs fixé à 160 milliards d'euros les encours centralisés sur ces produits en 2009, 2010 et 2011. Par la suite, avant le 1er octobre 2011, le gouvernement devra proposer à la commission de surveillance de la Caisse des dépôts un nouveau décret fixant le nouveau niveau de centralisation des ressources du livret A et du LDD. Or cette commission a déjà prouvé qu'elle était extrêmement vigilante sur l'adéquation entre les ressources et les projets de prêts sur fonds d'épargne.En 2013, la Caisse des dépôts prévoit d'accorder quelque 135 milliards d'euros de prêts pour le logement social et la politique de la ville, ce qui signifie que le niveau de centralisation des ressources du livret A et du LDD devrait atteindre 170 milliards d'euros. Le problème de la décollecte a donc encore quelques années de répit avant d'inquiéter.
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