Berlin dégaine un Fonds monétaire européen

A peine entériné par le Conseil européen il y a une semaine, le « mécanisme européen de stabilité (MES) » est déjà détaillé par... Berlin. Le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung a en effet révélé jeudi un projet précis pour ce nouveau fonds qui sera mis en place en 2013. Ce « Fonds européen de stabilité et d'investissement dans la croissance » (European Stability and Growth Investment Fund, ESAGIT) devrait, selon ce projet élaboré au Ministère fédéral allemand des Finances, constituer la deuxième institution indépendante de la zone euro, à côté de la Banque centrale européenne (BCE). Contrôlé par les Parlements nationaux des seize pays de la zone, l'ESAGIT aurait d'ailleurs en partie pour fonction de remplacer la BCE dans son rôle actuel de rachat d'obligations d'États-membres en diffciculté. La BCE ne devrait plus procéder à ces rachats massifs, comme depuis mai dernier. Cette mesure étant d'ailleurs vivement critiquée tant au sein de la BCE (le président de la Bundesbank y est opposé) qu'en dehors. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a d'ailleurs fait comprendre que son établissement ne pourrait continuer longtemps ces rachats d'emprunts grecs, irlandais ou espagnols. L'octroi d'une aide par l'ESAGIT serait toutefois soumise, comme le souhaite depuis toujours Berlin, à de strictes conditions : les pays demandeurs devraient fournir des garanties, sous forme de réserves d'or ou de participations au capital d'entreprises, pour un montant corrrespondant à 120 % de la somme empruntée. D'après le « Süddeutsche », « ce concept aurait déjà été évoqué avec des experts à Francfort et Londres », c'est-à-dire avec des opérateurs sur les marchés financiers. D'ailleurs Berlin ne « mettrait plus en avant des idées pour faire participer automatiquement des créanciers privés » à un plan de sauvetage, précise le quotiden. C'est pourtant la ligne défendue par la chancelière Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, depuis des mois. « Réflexions de travail »Ce n'est pas la seule singularité du projet dévoilé. Mais non démenti par le Ministère des finances, qui parle de « réflexions de travail » non entérinées par le ministre ou ses secrétaires d'État. Wolfgang Schäuble devait en parler jeudi avec son homologue française, Christine Lagarde à Strasbourg. Le mauvais temps les en a empêché. Mais le 17 janvier prochain, devant leurs pairs ministres des Finances de la zone euro, l'ESAGIT devrait être vivement discuté.
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