Les haussiers sur le dollar gardent la main

Depuis 2002, le dollar s'inscrit dans une trajectoire baissière de longue période qui n'a connu que deux grandes phases d'interruption. La longue trêve de 2005 a été suivie de près de trois nouvelles années d'enlisement et sa brusque reprise, consécutive à la faillite de Leh­man Brothers, qui lui avait redonné un statut de valeur refuge, s'est interrompue en mars 2009. Mais, après avoir reperdu 17 % de sa valeur, le dollar fait depuis début décembre un retour fracassant sur la scène monétaire, qui lui a permis de regagner en quelques séances près de 6,5 % face à l'euro et plus de 8 % par rapport au yen. Un précieux cadeau de Noël pour le Japon, qui se débat dans la déflation, et pour la zone euro, dont le retour à une croissance atone se mariait mal avec une monnaie surévaluée. Sur un marché étroit, qui favorise les décalages, le dollar est remonté mercredi jusqu'à 1,4220 pour 1 euro et 91,85 yens.regain durable ?Alors que se profile le tournant de l'année, la question que se posent tous les observateurs est d'une simplicité biblique : ce regain de vigueur s'inscrira-t-il dans la durée ou s'agira-t-il d'un vulgaire feu de paille ? La réponse des économistes est loin d'être tranchée, les responsables des stratégies de change restant très divisées entre les baissiers d'hier et les haussiers d'aujourd'hui. Mais une chose est sûre : le dollar commence à réagir à nouveau aux « fondamentaux », alors qu'il en était totalement déconnecté, en raison de son utilisation comme véhicule de « carry trade », les stratégies consistant à jouer sur les écarts de rendements. Or, ces fondamentaux lui sont redevenus favorables. Depuis l'annonce au début du mois de statistiques de l'emploi encourageantes, presque tous les chiffres diffusés outre-Atlantique indiquent que la reprise s'installe et qu'elle sera plus vigoureuse que sur le Vieux Continent ou au pays du Soleil-Levant. Mercredi, même si leur progression a été un peu inférieure aux anticipations, les dépenses de consommation des ménages américains, traditionnel moteur de l'économie, ont confirmé leur redémarrage, affichant une hausse de 0,5 % en novembre, tandis que leurs revenus augmentaient de 0,4 %. Certes, ces dépenses sont gonflées par les multiples rabais proposés par les distributeurs, mais elles n'en ont pas moins progressé au cours de six des sept derniers mois. Après le bond inattendu de 7,4 % des reventes de logements rendu public mardi, la baisse tout aussi imprévue de 11 % des ventes de logements neufs a mis un bémol à l'euphorie, jusqu'à ce que le marché réalise que le stock disponible était tombé au plus bas depuis avril 1971.
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