Les Français consomment envers et contre tout

La consommation résiste à tout. On avait annoncé qu'elle fléchirait en 2010. Et, une fois encore, les ménages français ont surpris. Jeudi, l'Insee a publié les statistiques de novembre. Les ventes de produits manufacturés ont augmenté de 2,8 %. La perspective de la fin de la prime à la casse a joué un grand rôle : les achats d'automobiles ont grimpé de 14,9 % sur le mois, tirant tout le reste. La consommation devrait ainsi progresser de 1,7 % en 2010, selon l'institut. Depuis deux ans, la vitalité du secteur automobile porte la reprise économique.Mais qu'en sera-t-il en 2011, après la disparition de cette fameuse prime ? On peut craindre des mois difficiles pour la filière, dont les récents taux d'utilisation des capacités de production (65 % de mai à août 2010) rappellent la fragilité. En revanche, l'optimisme resterait de mise pour la consommation. Un décrochage est bien attendu début 2011, mais la « croissance tendancielle sur l'année sera la même qu'en 2010 », assure Mathilde Lemoine, économiste à HSBC. Les ménages devraient, selon elle, réaffecter les sommes dévolues à l'automobile à d'autres dépenses. La consommation serait ainsi soutenue par le « faible endettement » des familles et un « patrimoine qui n'a pas beaucoup diminué par rapport à ses niveaux d'avant-crise ».Les crédits immobiliers ont augmenté de 61 % en 2010, rappelle aussi l'économiste, ce qui témoigne « du retour de leur confiance ». L'Insee souligne la remontée de l'investissement des ménages dans le logement en 2011, après trois ans de dégringolade. Ce redémarrage de l'immobilier laisserait présager, selon Mathilde Lemoine, « une nouvelle hausse des achats de biens d'équipement du logement (+ 6 % déjà depuis le début 2010) ».Toutefois, certaines tensions économiques sont difficiles à ignorer. Préoccupés par l'évolution du chômage, les Français maintiendront en 2011 une épargne de précaution élevée, autour de 16 % à mi-2011, selon l'Insee.Surtout, si les gains de salaires et de pouvoir d'achat ont le mérite d'exister, ils resteront extrêmement modérés (lire page 3). Le pouvoir d'achat subit l'effet de la remontée de l'inflation (de 0,1 % en 2009 à environ 1,5 % actuellement) et de la hausse des prélèvements obligatoires versés par les ménages, notamment les impôts. Car la résistance du marché du travail en 2010 a aussi permis aux impôts de retrouver le chemin de la hausse. Ce scénario devrait se poursuivre au premier semestre 2011.
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