Bernanke promet à nouveau des taux durablement bas

Ce n'est pas un hasard si le Trésor américain a annoncé mardi soir, à la veille de l'audition semestrielle de Ben Bernanke devant le Congrès, qu'il allait émettre 200 milliards de dollars de titres de dette en l'espace de deux mois au profit de Réserve fédérale, afin de lui donner plus de flexibilité pour gérer son bilan. Ce programme, créé en 2008, avait été pratiquement gelé récemment, le plafond de la dette du Trésor étant pratiquement atteint. Lequel a été opportunément relevé, lui permettant de contribuer à aider la Fed, qui prépare activement sa sortie de crise. Comme le rappelle Christian Parisot, le chef économiste d'Aurel BGC, la Fed, qui ne peut pas émettre d'obligations sur les marchés, disposera ainsi de liquidités. Elle pourra acquérir des titres sur les marchés, notamment finir son programme d'achat de 1.250 milliards de dollars de dollars de MBS, les actifs adossés à des créances hypothécaires, sans recourir à la création monétaire. C'est-à-dire sans alourdir son bilan, qu'elle ramènera progressivement à son niveau d'avant crise, soit 800 milliards de dollars, contre plus de 2.000 milliards actuellement. la question du calendrierC'est donc plus sereinement que Ben Bernanke, le patron de la Fed, s'est présenté devant la commission Bancaire de la Chambre des représentants mercredi, avant d'affronter ce jeudi celle du Sénat, toutes deux résolues à lui faire lâcher des informations sur les prochaines pistes « d'exit » que la Fed entend emprunter. Après le début de normalisation du taux d'escompte, rehaussé la semaine dernière d'un quart de point à 0,75 %, qui sera encore relevé à plusieurs reprises pour lui restaurer un rôle pénalisateur, la grande question portait sur le calendrier d'une hausse du principal taux directeur, le taux cible des fonds fédéraux ramené en décembre 2008 dans une fourchette de 0 % à 0,25 %. D'aucuns pensaient que Bernanke se démarquerait des « colombes » qui se sont exprimées au cours des derniers jours. Il n'en a rien été. « La reprise économique naissante nécessite le maintien de taux bas pendant une période prolongée », s'est contenté d'indiquer le président de la banque centrale, reprenant les termes du dernier communiqué du conseil des gouverneurs, tout en admettant que « à un moment donné, il faudra qu'un durcissement intervienne ». Et d'ajouter que la Fed ne procéderait pas à des cessions d'actifs à court terme, du moins tant que le resserrement monétaire ne serait pas engagé. Car il reste un obstacle de taille avant d'enclencher la vitesse supérieure : le marché du travail « reste très faible ». Or, on n'a jamais vu la Fed durcir les conditions de crédit tant les créations d'emplois n'ont pas repris une pente durablement ascendante.
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