Le projet de Bourse des valeurs moyennes fait pschitt !

Les Cassandre finiront-elles par avoir raison ? Comme le craignaient certains, le projet de création d’une Bourse des valeurs moyennes à Paris pourrait bel et bien accoucher d’une souris. Selon nos informations, le comité d’orientation stratégique (COS) crée en février dernier pour réfléchir sur le sujet, pourrait en effet annoncer le 3 juillet, lors du forum de Paris Europlace, par la voix de Fabrice Demarigny, son président, une solution minimaliste. Si la nécessité de concevoir un compartiment spécifique dédié aux entreprises de petite et moyenne taille avec une équipe spécifique fait l’unanimité parmi toutes les parties prenantes, celle de filialiser ce projet semble bel et bien abandonné. Et pour cause : Nyse Euronext, l’opérateur boursier qui ne voit pas d’un bon œil la sortie de son périmètre de cette partie de la cote (même si elle ne lui rapporte pas grand-chose) a manifestement réussi à dégoûter tout actionnaire de venir s’engouffrer dans la brèche. Il faut dire qu’il n’a pas eu beaucoup de mal puisque la Caisse des Dépôts, prête à entrer dans la boucle, ne voulait toutefois ni prendre le contrôle de cette entité ni venir seule. Nyse Euronext, logiquement, n’a fait aucune démarche pour trouver d’autres partenaires. Quant à la Caisse, sur le point de changer de directeur général, elle ne s’est pas plus mobilisée. Résultat : faute de grive, la CDC n’est donc plus prête à participer à la création d’une filiale. Le Comité d’orientation stratégique devrait ainsi se contenter de préconiser la création d’un département dédié aux valeurs moyennes d’une valeur d’environ 1 milliard d’euros.Les professionnels satisfaits ?Cette préconisation va-t-elle satisfaire les professionnels de la Place qui attendaient pourtant beaucoup de ce comité ? Les associations professionnelles ne devraient, certes, pas s’en accommoder. Mais que peut-il se passer dans la foulée ? Les conclusions du COS sont purement consultatives. Il est prévu d’ailleurs qu’une consultation de place soit ensuite mise en œuvre. Mais le temps joue en défaveur de ce projet de Bourse des valeurs moyennes, les forces vives en présence étant aussi mobilisées par d’autres sujets forts. Il sera intéressant, à ce titre, de voir la réaction des pouvoirs publics, un temps à la manœuvre sur ce projet de Bourse destinée à financer les PME. Mais aussi celle de la place de Londres, dans les starting-blocks pour offrir ses services sur le sol français via une plateforme dédiée aux valeurs moyennes.Contrer les projets de la perfide AlbionFermement décidé à contrer les projets de la perfide Albion, Nyse Euronext a annoncé en milieu de semaine l’ouverture de sa plateforme de négociations à Londres via le Liffe, jusqu’à présent spécialisé sur les produits dérivés. Avec en « guest star » Eurotunnel qui accepté de se délister du LSE pour intégrer Nyse Euronext Londres. Une annonce pour le moins symptomatique au moment où la concurrence entre les places boursières fait rage tant en Europe qu’aux Etats-Unis. « Il est quand même incroyable qu’au moment où nombre d’entreprises se plaignent du désintérêt de l’opérateur national et des initiatives organisées à leur égard, ce même opérateur concentre ses efforts sur la Bourse de Londres, au risque de concentrer plus encore la liquidité et l’intérêt des investisseurs sur cette place », soutient un professionnel.Nasdaq OMX lorgne lui aussi la place de LondresLondres est plus que jamais au centre de toutes les préoccupations. Comme en témoigne l’annonce du deuxième opérateur américain Nasdaq OMX de lancer au premier trimestre 2013 une plateforme de dérivés de taux à court et long terme et ce, au nez et à la barbe du Liffe et d’Eurex (propriété de Deutsche Börse), un temps sur le point de fusionner pour donner naissance au leader mondial en la matière avant que Bruxelles ne mette un terme à ce projet. Les enjeux du marché des produits dérivés sont colossaux. Les opérateurs boursiers mondiaux l’ont bien compris qui ne cessent d’essayer de monter en gamme sur ce créneau. Pendant ce temps, les PME françaises attendent toujours un signal fort tant des pouvoirs publics que des professionnels boursiers.  
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