Parmi les milliers de pages collectées lors de l'enquête aup...

Politiques publiquesLes managers reconnaissent l'impact direct ou indirect d'institutions publiques sur la sortie de crise. Sur ce plan, la première tendance est celle du partage des revenus, pour mettre fin aux dérives constatées sur les rémunérations variables. Par exemple, les bénéficiaires des versements ne seraient rémunérés que sous condition de pérennité de la structure ponctionnée grâce à des fonds de garantie quinquennale ou décennale ; ou encore les extractions de richesse ne pourraient s'opérer qu'à la hauteur des investissements de la structure pour la période considérée.De nombreuses propositions retiennent la politique fiscale comme vecteur de transformation des comportements, qu'il s'agisse d'imposer plus fortement les résultats financiers que les résultats d'exploitation, une parité fiscale entre dette et capital, ou encore la réallocation de la TVA.En matière d'éducation, ils demandent que l'accent soit mis sur les métiers manuels et l'apprentissage à distance. Pour ce qui est de la politique de l'emploi, ils la conçoivent discriminante, ciblant les catégories les plus vulnérables que sont les seniors, les moins qualifiés et les jeunes, ainsi que les secteurs d'activité « tactiquement pertinents » car créateurs d'emplois, de valeur ajoutée ou de développement durable. Organisation et managementLes managers encouragent à prendre des mesures bénéfiques à long terme en plus de mesures bénéfiques à court terme. Ainsi, faire preuve de courage en privilégiant à tout prix le maintien de l'emploi, y compris si cette attitude aboutit à des conflits avec des actionnaires, des instances patronales, ou bien repenser son offre de produits et de services dans une perspective économiquement pérenne sont des propositions qui porteront leurs fruits à long terme et prépareront les organisations à mieux se développer une fois la crise passée.Ils prônent également le retour du Patron (avec un P majuscule) du personnel, au lieu du gestionnaire impersonnel qui l'a remplacé et dont la marge (ou la volonté) de man?uvre est souvent bridée par un actionnaire absent ou distant. Conscients que la richesse d'une organisation réside dans ses collaborateurs et qu'en période de crise l'art du management n'en est que plus difficile, les managers insistent pour remettre l'homme au c?ur des organisations. La crise est également perçue comme l'opportunité pour l'entreprise d'assumer son rôle social à l'heure où l'État recule. Peu nombreux aujourd'hui sont ceux qui voient le rôle d'une entreprise comme strictement limité à la maximisation des profits pour les actionnaires. Finance et économieBien entendu, le dysfonctionnement du secteur financier est au c?ur des commentaires. Les managers voient la gouvernance du système financier international conçue multilatéralement (et avec le concours de la Chine) et dotée de gendarmes « non édentés ». Certains préconisent l'interdiction des ventes à découvert comme moyen de limiter les dérives spéculatives récentes. Certains souhaitent voir les PME françaises bénéficier des mêmes prêts de renforcement de trésorerie que ceux dont ont bénéficié les grands groupes, voire? que l'octroi de crédit commercial aux entreprises soit en fait téléguidé par l'État ! Ils souhaitent également voir cesser la course au gigantisme et limiter la taille des entreprises dans chaque marché, y compris au sein du secteur financier. ValorisationLa crise est également le symptôme de la faillite d'un modèle économique composé de méthodes de valorisation, de métriques et de moyens de mesure particuliers. Ce modèle que notre société emploie, consciemment ou non, n'est pas innocent dans les dérives qui ont mené à cette crise. Ainsi, ils souhaitent que les vrais coûts environnementaux (eau, énergie, etc.) et les impacts humains (éducation, santé, employabilité, etc.) de certaines pratiques industrielles et gouvernementales soient calculés, devant s'en suivre la révision, en conséquence, des indicateurs existants (Ovar, BSC, IAS, IFRS). Autour de l'individu« Le changement commence par l'individu. Si les individus se transforment, la société se transformera. » Conscients que les qualités humaines des dirigeants politiques et des dirigeants économiques importent, que ceux-ci laissent leur empreinte sur les institutions dirigées, les managers mettent l'individu et ses valeurs en filigrane de la quasi-totalité de leurs propositions. Ils parlent ainsi de valeurs, d'éthique, de courage ou d'exemplarité qui doivent (devraient) caractériser tout manager. Faire preuve de courage et arrêter les comportements individualistes destructeurs de biens communs, souvent extracomptables. Ils voient également les actions solidaires interpersonnelles comme le parrainage, le compagnonnage et le « mentoring » comme des vecteurs concrets de sortie de la crise sur le terrain.EntrepreneuriatLa crise est prompte à créer des vocations entrepreneuriales qu'une ère de prospérité économique n'eût pas induites, et les managers n'ont pas manqué de relever l'opportunité que constitue cette crise pour des entrepreneurs avisés. Leurs propositions en faveur de l'entrepreneuriat recoupent tous les thèmes évoqués dans cette étude, de la politique publique plus vigoureuse pour l'initiative privée et la création d'entreprises, la défiscalisation intégrale des investissements réalisés en France en la matière, que l'esprit d'entreprise soit réhabilité comme valeur cardinale de l'économie aux dépens de l'esprit de profit ; que des campagnes de formation et d'information renforcent dans l'opinion publique la compréhension des risques entrepreneuriaux et des mérites des entrepreneurs à s'engager et prendre ces risques ; que soient favorisées la formation des jeunes et la reconversion des salariés expérimentés dans les métiers manuels, y compris par l'incitation à la création d'entreprises artisanales ; enfin, que toute entreprise soit un vecteur d'entrepreneuriat social. n
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