L'Espagne plongée dans une attente inquiète

L’Espagne attend. Le pays est suspendu à la décision du premier ministre de demander ou pas l’aide européenne : «Je ferai ce qu’il me semble convenir à l’intérêt général de l’Espagne », a déclaré vendredi Mariano Rajoy, persistant dans sa stratégie du silence. Le vice-président de la Commission (CE) Joaquin Almunia l’a mis en garde dans une interview à l’AFP : pour lui, maintenir l’incertitude « est très risquée »… C’est sans doute le cas au niveau des marchés, mais politiquement, c’est une autre affaire. D’aucuns pensent ainsi que Rajoy attend que soient passées les élections en Galice et au Pays Basque prévues le 21 octobre pour faire appel aux fonds de secours européens, de même qu’il avait reculé la présentation du budget 2012 à après les élections andalouses en mars dernier.Attente inquiète Quoiqu’il en soit, ces atermoiements plongent l’Espagne dans une attente inquiète. Le pays avance à l’aveugle, guidé seulement par les révélations de la presse, en général rapidement démenties par le Gouvernement, comme celle d’un gel des retraites en 2013. La Commission européenne promet qu’un sauvetage n’impliquera pas de nouveaux sacrifices. Le nouveau memorandum of understanding (MoU) contiendra tout au plus un « calendrier précis » pour appliquer des « recommandations déjà faites » par la Commission. De même, les réformes structurelles que le Gouvernement annoncera cette semaine avec le Budget 2013 sont présentées comme destinées à réduire le déficit public.Nouveaux sacrifices ? Malgré cela, les Espagnols craignent de nouveaux sacrifices après le dernier plan de rigueur, qui imposait hausse de la TVA, ou encore baisse des prestations chômage. Leur crainte est alimentée par les détracteurs du sauvetage à l’européenne. Ainsi, le dirigeant socialiste, Alfredo Pérez Rubalcaba augure de nouvelles « souffrances » en cas de sauvetage.Rentrée agitée La rentrée a d’ailleurs été relativement agitée avec notamment une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Madrid le 15 septembre dernier, afin de protester contre l’austérité et réclamer un référendum sur la politique de Rajoy. C’est toutefois la crise souverainiste en Catalogne, alimentée elle aussi par la crise économique et la politique de rigueur de Rajoy, qui a fait la une ces dernières semaines, ajoutant une nouvelle facette aux troubles sociaux actuels.Le patronat réclame un plan de sauvetage Sourds aux protestations de la société, certains patrons plaident pour que Rajoy opte d’ores et déjà pour le sauvetage, comme Francisco Gonzalez, PDG de BBVA, l’une des rares banques solides du secteur financier espagnol, sur le point de bénéficier de l’aide européenne. De son côté, la CEOE, le Medef espagnol, a appelé Rajoy à « prendre le temps nécessaire » à sa décision, mais recommande au pays d’être prêt à « utiliser toutes les possibilités de financement […] qui viennent de l’UE », ce qui suppose que l’Espagne fasse « ses devoirs ». Le budget 2013, dont le projet sera présenté jeudi au Parlement, devrait témoigner de la détermination de Rajoy à donner la priorité à l’équilibre des comptes, condition sine qua non d’une intervention européenne sur les marchés de la dette.
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