Espagne : Pourquoi Rajoy devrait demander l'aide de l'Europe cette semaine et pourquoi il hésite (encore) à le faire

L\'Espagne demandera-t-elle l\'aide de l\'Europe en cette fin de semaine ? Impossible d\'en être complètement sûr. A en croire les observateurs et les analystes de marché, cela fait maintenant deux semaines et demi que cette demande d\'accès au programme d\'assistance du MES - condition nécessaire pour bénéficier des rachats de titres de la BCE - est imminente !La pression monte sur le premier ministre espagnol L\'hésitation du premier ministre espagnol Mariano Rajoy agace de plus en plus ses partenaires européens. « Il doit dire clairement ce qu\'il en est », a déclaré Michael Meister, un des porte-parole du CDU, le parti de la chancelière allemande. « Rajoy a un problème de communication. Si il a besoin d\'aide, il doit le dire », a-t-il insisté. « Le risque est que l\'incertitude coûte plus cher que les décisions prises », a quant à lui estimé le commissaire européen (espagnol) en charge de la concurrence, Joaquin Almunia, ce lundi. Pour lui, « Les autorités espagnoles doivent prendre une décision concernant un éventuel sauvetage. Ce n\'est pas une décision entièrement blanche ou entièrement noire mais ce qui est très risqué, c\'est de maintenir l\'incertitude ».Mariano Rajoy risque-t-il vraiment de se faire dicter une action en urgence par les marchés ? « Plus Madrid tarde à demander une aide à l\'Europe, plus les rendements sont susceptibles de s\'envoler à nouveau », estime Caroline Newhouse, économiste chez BNP Paribas. Il est vrai que si les investisseurs commencent à douter de l\'activation du programme OMT, les taux espagnols risquent fort de remonter en flèche. Mais pour l\'instant l\'évolution des taux de marché donne plutôt raison à Mariano Rajoy. L\'Espagne bénéficie d\'un ballon d\'oxygène depuis l\'annonce du programme OMT de la BCE, début septembre. Les spreads espagnols (les écarts aux taux allemands) sont retombés à leur plus bas niveau depuis cinq mois, quelles que soient les échéances. A 10 ans, les taux espagnols se maintiennent autour de 5,7 %, très loin du record de 7,62 % de fin juillet. De plus, loin d\'avoir perdu l\'accès aux marchés, l\'Espagne a levé plus de 12 milliards d\'euros sur les marchés la semaine dernière.Pourquoi la demande d\'aide de l\'Espagne serait elle officiellement formulée en fin de semaineL\'Espagne fait face à deux échéances cruciales d\'ici à la fin du mois : la publication des résultats des nouveaux stress tests bancaires et le verdict de Moody\'s. Si l\'agence dégradait la note de l\'Espagne, la dette du pays basculerait en catégorie spéculative. L\'annonce serait faite jeudi prochain, la veille des résultats des stress tests, croit savoir le Financial Times. Les besoins de recapitalisation bancaire sont estimés à 60 milliards d\'euros. Bruxelles a déjà promis, en juin, une enveloppe de 100 milliards pour recapitaliser les banques espagnoles.Reste la question des élections générales au Pays basque et en Galice le 28 septembre prochain. L\'annonce de mesures d\'austérité supplémentaires aurait un coût politique certain pour Mariano Rajoy. Il a déjà lancé un plan drastique de réduction des dépenses de 102 milliards d\'ici à 2014 et les régions autonomes qui gèrent notamment leurs systèmes de santé et d\'éducation, parviennent difficilement à tenir le cap de la rigueur.Ce qui se trame en coulisseLe Financial Times expliquait la semaine dernière que le ministre des finances espagnol Luis de Guindos négociait en aval avec la Commission européenne le programme de réformes qui serait imposé au pays en cas de demande d\'aide. Ce programme se concentrerait sur des réformes structurelles plutôt que sur de nouvelles taxes ou davantage de réduction des dépenses. Réagissant à ces informations de presse, la Commission a reconnu vendredi qu\'elle collaborait effectivement avec les autorités espagnoles sur un nouveau plan de réformes qui sera annoncé jeudi prochain, mais a balayé toute préparation en vue d\'une demande d\'aide globale du pays.« Ce ne sont encore que des spéculations mais l\'idée selon laquelle les conditions exigées relèveraient davantage de réformes économiques structurelles que de restrictions budgétaires supplémentaires, et le fait que les négociations avec l\'Espagne ont été très différentes des discussions houleuses qui avaient été menées avec l\'Irlande et le Portugal suggèrent que les autorités ont retenu ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas », indiquent les économistes du Crédit Agricole.Le combat perdu de l\'AllemagneVendredi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a jugé que « l\'Espagne n\'a pas besoin d\'un plan parce qu\'elle fait ce qu\'il faut et qu\'elle réussira ». « Ce dont l\'Espagne a besoin, a-t-il ajouté, c\'est de la confiance des marchés financiers ». Certes mais celle-ci ne se décrétant pas, l\'Espagne risque fort d\'avoir besoin du soutien de la BCE. « Si l\'Espagne veut réduire paisiblement sa dette, les coûts de renouvellement de ses emprunts devront être encore bien plus modestes qu\'aujourd\'hui. Dans un monde à croissance nulle, renouveler la dette espagnole à un rendement moyen de 4%, tout en conservant un large déficit budgétaire n\'est pas une solution durable pour ces prochaines années. », expliquent les stratèges taux de la Société Générale. 
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