Contrat Eurostar-Siemens : la bataille juridique débute

Dix-huit jours après l'annonce de la commande de dix trains Siemens par Eurostar pour 600 millions d'euros, la Haute cour de justice de Londres se penche sur le dossier. Une première audience est prévue aujourd'hui après la plainte d'Alstom, jusque-là fournisseur historique d'Eurostar, qui affirme que ce dernier et Siemens ont signé un contrat préliminaire dès le 18 août. Le constructeur français demande la suspension de l'appel d'offres, au motif, notamment, que les spécifications souhaitées par Eurostar ne sont pas conformes aux normes de sécurité en vigueur dans le tunnel sous la Manche. La direction d'Alstom et le gouvernement français mettent notamment en cause le choix par Eurostar d'une motorisation répartie tout le long de la rame, et non pas dans la locomotive comme l'imposent les normes de sécurité que seuls les trains d'Alstom respectent. En outre, les trains doivent être d'un seul tenant et longs d'au moins 400 mètres pour être compatibles avec l'intervalle de 375 mètres qui sépare les portes de communication menant au canal d'évacuation du tunnel. Or les trains Siemens sont composés de deux parties de 200 mètres chacune, non reliées entre elles.Alors qu'une révision est actuellement en cours, Eurostar dit s'appuyer sur les recommandations de la commission intergouvernementale franco-britannique au tunnel sous la Manche (CIG), publiées fin mars 2010. Délégation française reniéeLe gouvernement français, pour qui ces recommandations n'ont pas valeur d'engagement, a aussitôt remplacé la responsable de la délégation française au comité de sécurité de la CIG, Françoise Deygout, lui reprochant selon « La vie du rail », de ne pas avoir répondu défavorablement à Eurostar. La compagnie transmanche a formulé son appel d'offres en fonction de cette recommandation et rappelle que les trains de Siemens seront livrés en 2014. Alstom avait également proposé des trains à motorisation répartie, mais assure ne pas avoir eu le choix en raison des exigences d'Eurostar de disposer de trains de 850 sièges contre 750 aujourd'hui.Eurostar estime « que les arguments soulevés par Alstom sont dénués de tout fondement » et visent uniquement à « retarder la finalisation d'un contrat passé avec un des concurrents sélectionné au terme d'un appel d'offres conduit dans le respect des procédures ». Siemens, qui a décidé de rejoindre la procédure juridique aux côtés d'Eurostar pour avoir accès au dossier, ajoute : « Nous avons fait une offre dans le cadre d'un processus transparent et conforme au droit européen qui a été jugée la meilleure par le client. » Fabrice Gliszczynsk
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