Ardoise pour les porteurs d'obligations

Le contribuable étant sollicité au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer, la contribution au sauvetage collectif des prêteurs privés, qui s'en sont jusque-là fort bien tirés, n'est plus taboue. Avec le nouveau plan de sauvetage des banques irlandaises qui se profile, le principe est même acquis : le ministre des finances néerlandais ayant déclaré que les porteurs de dettes subordonnées des banques irlandaises « will have to bleed ». On sait désormais qu'une partie du fardeau sera portée par ceux qui, en prêtant au prix fort, ont pris des risques. Mieux rémunérés que les dettes seniors, ces fameux titres subordonnés sont par nature plus risqués lors des restructurations de dettes. Ils ne constituent pas, et de loin, la grosse masse des dettes : selon l'agence de notation Moody's, les six plus grosses institutions financières détenaient encore, à fin octobre, quelque 13 milliards d'euros de ces titres, dont 4,5 chez Allied Irish Bank, 4,4 milliards chez Bank of Ireland, et 2,4 milliards chez Anglo Irish Bank. À comparer avec les 75 milliards d'euros de dettes seniors, qui, selon l'analyste crédit de Louis capital Markets, Bertrand Michaud « ne devraient pas être concernées par la restructuration, car cela aurait un effet en chaîne sur toutes les lignes obligataires des banques qui ont été aidées ».Sacrifice considérableMais le sacrifice qui se profile pour les porteurs de titres subordonnés est considérable, si l'on en croit l'offre d'échange de la banque nationalisée Anglo Irish en cours : la banque propose en effet de racheter les titres sur la base de 20 % du nominal. Les sociétés de gestion, qui ont acheté ces titres à l'émission dans l'intention de les garder jusqu'à l'échéance, perdront donc 80 % de leurs investissements. Mais ils n'auront d'autre choix que de le faire : ceux qui décident de conserver leurs titres courant le risque de se les voir échanger sur la base d'un centime pour 1.000 euros ! À l'issue des négociations en cours entre Dublin, la Commission européenne et le FMI, tous les porteurs de titres subordonnés des banques qui vont être sauvées pourraient bien se voir traités sur la même base, ce qui génèrerait pour eux une perte globale de plus de 10 milliards d'euros. Un montant proche, remarque Bertrand Michaud, de ce qui devrait être injecté en fonds propres par l'Etat, à partir des prêts de la Commission.
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