Sous la verrière de l'ancienne salle de la manufacture, à Milan, les journalistes prennent place sur les gradins. Au centre, pas de podium. Allongés sagement comme dans une caserne de chasseurs alpins, les mannequins dorment comme des bienheureux sur les lits de camp, bonnets de nuit à pompons en prime. Bientôt, au son du clairon, chacun se dresse et revêt les combinaisons dessinées par Thom Browne pour Moncler gamme bleue. Revue de détails avant le défilé. Décalé, ironique et inventif : la tendance protection maximale vient d'être lancée à Milan.Ce qui n'était que quelques pièces au Salon de la mode masculine du Pitti Uomo à Florence se met tout à coup en mouvement. À Paris, capitale internationale de la mode, où les designers poussent toujours un cran plus loin l'expression créative, le besoin des hommes de se protéger au maximum des agressions extérieures (pluie, vent, stress, montagnes russes de nos émotions?) s'étend comme une traînée de poudre dans les collections.Défilé autour du ringComme chez Dsquared, les mannequins homme de Jean-Paul Gaultier défilent sur les chansons d'Édith Piaf autour d'un ring où se battent deux femmes en corset, saignant du nez, les arcades sourcilières violacées. La violence sert de toile de fond ; les silhouettes masculines sont de cuir vêtu, avec épaules et coudes molletonnés, ceinture et casque de boxeur customisés. Dans sa version plus offensive, la protection se porte selon les créateurs en empiècement de cuir (Gaspard Yurkievich), « grosses » chaussures voire rangers et godillots (Kris Van Assche), bottines à semelle cloutée façon sabot, esprit militaire (chez Dries Van Noten ou Dunhill, comme chez Burberry).Ailleurs, le besoin de protection se porte de façon plus douce, plus cocooning. Duvet ultraléger chez Vuitton ou Yves Saint Laurent, parka de Nylon et mitaines pour Lanvin, veste moletonnée chez Balenciaga, capuches à fourrure pour Comme des Garçons, gros bonnets inspirés des rastas chez Kris Van Assche, en guêtres épaisses chez Hugo Boss, touches de fourrure et chaussettes épaisses (Viktor & Rolf), écharpes (en cuir frangée chez Smalto). Rien n'est trop doux, trop chaud et sensuel. J. A. et I. L.

latribune.fr

25 Jan 2010, 23:47

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