Les atermoiements sur la reconduction de Ben Bernanke affaiblissent la Fed

C'est dans une atmosphère très particulière que va se dérouler le premier des huit conseils de l'année du FOMC, le bras séculier de la Réserve fédérale américaine, ce mardi et mercredi. On sait déjà les « sages » du conseil très divisés sur le timing de la mise en oeuvre des stratégies de sortie de crise. Mais pour l'heure, c'est le feuilleton sur la reconduction ou non de Ben Bernanke à la tête de la Fed qui tient la communauté financière en haleine, alors que son mandat expire le 31 janvier. consensus obligatoireDès le mois d'août, le président Obama avait donné son aval à un deuxième mandat du patron de la Fed, qui avait été approuvé le 17 décembre par la commission Bancaire du Sénat. Mais c'est la Chambre haute tout entière qui doit donner son feu vert à sa reconduction et certains sénateurs ont choisi la voie de l'obstruction, faisant valoir que la Fed, sous la présidence de Bernanke, a laissé faire des activités financières « scandaleusement irresponsables » qui ont mené à la pire crise financière depuis 1929.Autant dire que le climat n'est pas propice à la sérénité, à l'heure où la Fed va devoir faire des choix. Bien qu'il ne soit rendu public que vendredi, les « sages » du Conseil des gouverneurs auront eu vent du chiffre préliminaire du PIB des États-Unis au quatrième trimestre avant l'issue de leur rencontre. Un chiffre plus fort qu'anticipé par le consensus, qui table sur une croissance de 4,5 % en rythme annualisé, ravivera les hostilités entre les faucons, qui redoutent qu'un statu quo monétaire prolongé n'alimente la formation de bulles et les colombes, qui souhaitent qu'en l'absence de pressions inflationnistes les taux soient maintenus durablement au plus près de zéro pour favoriser la croissance. Or, ce n'est que dans le consensus que la Fed pourra abroger la phrase clé de son communiqué, qui promet le maintien de taux bas « pour une période prolongée », et ouvrir la voie à un premier durcissement monétaire. Même si la reconduction de Bernanke est votée dans les délais, la Fed risque d'en sortir affaiblie, au moment le plus critique. Car, il va sans dire qu'à mesure que se rapprochera l'échéance de la stratégie d'« exit », les pressions politiques vont s'intensifier sur la Fed. L'État fédéral, qui s'est massivement endetté pour faire face à la crise, a en effet plus que jamais besoin de se refinancer et d'assurer le service de sa dette à bas coût. C'est l'indépendance même qui risque d'être mise en cause. Isabelle Croizard
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