Safran se couvre contre la faiblesse du dollar

Après des années d'impact négatif du dollar sur son résultat d'exploitation (environ 1,3 milliard d'euros entre 2005 et 2009), Safran a enfin négocié des taux de couvertures de change favorables, qui vont contribuer après 2010 à augmenter la rentabilité de l'équipementier. Schématiquement, une couverture permet, par exemple, de fixer aujourd'hui la parité de l'euro-dollar dans les prochaines années, et apporte ainsi de la visibilité sur les résultats futurs. Un point d'autant plus important pour un groupe européen que les recettes sont, dans ce secteur, libellées en dollars quand une partie des coûts le sont en euros. Ce qui, en cas de monnaie européenne trop forte, engendre des pertes de compétitivité vis-à-vis des concurrents américains.Pour y remédier en partie, Safran a multiplié ces dernières années les ouvertures de sites à l'étranger dans des pays en zone dollars (ou à faibles coûts de main-d'oeuvre) afin de bénéficier d'une « couverture naturelle ». Et de réduire l'exposition nette du groupe au billet vert, qui correspond à toutes les activités facturées en dollars et produites en zone euro. Elle est passée de 5,3 milliards d'euros il y a cinq ans à 4,3 milliards en 2009, couverts à 1 euro pour 1,42 dollar. Si ce taux devrait monter à 1,46 en 2010 et entraîner un impact négatif sur le résultat opérationnel courant de 80 millions, une couverture à 1,39 prévue en 2011, puis à 1,35 en 2012 devraient entraîner un effet positif de respectivement 160 millions et 110 millions. Ce qui est énorme. Par exemple, « Safran continuera de profiter d'une couverture à 1,35 tant que l'euro ne dépassera pas 1,65 dollar », a indiqué, ce mercredi, le directeur des affaires économiques et financières, Ross McInnes, qui, depuis son arrivée, a remis de l'ordre dans la politique de change.À l'inverse, s'il baisse en dessous de 1,25, la couverture sautera et le groupe bénéficiera de la parité du jour. « Dix centimes sur le taux de change équivalent à 200 millions d'euros de marge opérationnelle et de cash », rappelle le président du directoire, Jean-Paul Herteman. De quoi permettre d'envisager les prochains gros investissements sur le moteur CFM avec sérénité. D'autant plus que cette politique de change va se conjuguer avec la reprise de l'activité du transport aérien estimée par la direction à partir du second semestre 2010, entraînant une hausse du chiffre d'affaires des rechanges. Ces perspectives à moyen terme, combinées à des prévisions 2010 encourageantes et à des résultats 2009 solides (hausse du résultat opérationnel courant de 7,1 %, à 698 millions), ont fait bondir le cours de Bourse de plus de 10 % mardi à Paris. Fabrice Gliszczynsk
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