Oligarques russes, la fin d'une époque

Le week-end passé a été fatal pour les oligarques russes : ceux qui étaient clients des banques chypriotes vont perdre une large partie de leurs avoirs, Boris Berezovski se serait suicidé dans des circonstances qui restent à éclaircir, et une rumeur lundi après-midi annonçait l\'arrestation par le FBI aux Etats-Unis de Roman Abramovitch, connu à travers la planète pour être propriétaire du club de football londonien Chelsea, en lien avec la disparition du précédent.Les oligarques russes ont dominé le monde des affaires ces deux dernières décennies. Ils avaient émergé dans les années 1990, lorsque Boris Eltsine avait accédé à la présidence de la Russie, et liquidé l\'héritage de l\'URSS, en faisant basculer sans ménagement son pays de l\'économie planifiée à l\'économie de marché.Ils étaient jeunes, brillantissimes, dévorés d\'ambition, sans morale, opportunistes. Ils ont mis la main, sans s\'encombrer d\'un quelconque cadre juridique et pour une bouchée de pain, sur d\'immenses ressources naturelles ou en développant des affaires dans l\'alimentaire, le jeu, les médias... pour devenir milliardaires et dominer un monde des affaires de l\'ère postsoviétique où s\'imbriquaient étroitement mafia, militaires, politiciens... C\'était l\'époque des lourdes blagues sur les riches : « Boris, vous avez déjà changé votre Porsche ? Oui, le cendrier était plein. »L\'arrivée d\'un ancien agent du KGB, Vladimir Poutine, dauphin choisi par Eltsine pour lui succéder, va limiter les ambitions des oligarques. Poutine place en effet ses hommes aux postes clés, des anciens des services secrets soviétiques. Mikhaïl Khodorkovski, patron géant pétrolier Ioukos, jugé trop proche des Américains et trop gênant par ses ambitions politiques, sera jeté en prison sans ménagement. Son empire sera démantelé. Le maître du Kremlin avait fait un exemple.Boris Berezovski était un autre exemple de l\'oligarque imprudemment devenu opposant à Poutine. Il devra s\'exiler en Angleterre où il se serait donc suicidé en fin de semaine dernière dans des conditions qui restent à éclaircir. cet été, il avait perdu son procès contre son ex-protégé Roman Abramovitch, bien plus prudent sur le plan politique, à qui il réclamait 3 milliards de dollars. Quant à tous les oligarques qui aimaient la dolce vita méditerranéenne sur la Côte d\'azur ou sur l\'île de Chypre, Vladimir Poutine semble bel et bien les avoir abandonnés à leur sort, pas si triste que çà. Moscou n\'a en effet pas bronché après l\'annonce des nouvelles conditions exigées par les bailleurs de fonds européens et du FMI pour accorder une aide de 10 milliards d\'euros à Nicosie. Les dépôts supérieurs à 100.000 euros seront taxés à hauteur de 30%. Nombre de Russes devraient passer ainsi au « haircut ». Et visiblement pour Poutine ce n\'est pas un problème, signe peut-être que le montant de ces avoirs n\'est pas suffisamment élevé pour inquiéter l\'économie russe.Bon prince, Poutine a même demandé que les conditions de remboursement du prêt de 2,5 milliards d\'euros accordé en 2011 à Chypre soient assouplies pour aider l\'île à se tirer d\'affaires. Surtout, il souhaite toujours exploiter le gaz off shore chypriote au profit de la compagnie Gazprom. Peut-être la situation future de la petite république permettra à ses amis de s\'offrir une partie de cette exploitation pour une bouchée de pain. Si ce week-end a signé la fin d\'une époque pour les oligarques russes, il n\'a peut-être pas sonné la fin de leur histoire. 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.