Le vrai-faux problème des dettes des autorités locales chinoises

L'autoroute à 10 voies qui relie Hangzhou, une ville de sud de la Chine, au « lac des 1.000 îles » est vide. Autour du lac, tout est prêt : appartements du week-end, hôtels, magasins... Mais il manque les clients : la classe moyenne de Shanghai. De tels scénarios sont communs en Chine, où les gouvernements locaux investissent massivement dans des projets d'infrastructure sans souci de rentabilité : le client finira bien par venir et entre-temps la province crée de la richesse et des emplois. Mais d'où vient l'argent ? Le gouvernement central ne finance qu'une faible part des projets. En 2009, sur les 4.000 milliards de yuans investis dans ces projets, seuls 20 % étaient financés par Pékin. Les pouvoirs locaux, qui ne peuvent pas émettre d'obligations, contournent la loi en créant des sociétés d'investissement. Celles-ci empruntent en offrant des terrains en contrepartie. En cas de problème, le gouvernement central intervient et émet des obligations. Il le fait chaque année. Mais le problème s'est aggravé en 2009 lorsque les banques ont multiplié les crédits pour faire face à la crise. Il existerait aujourd'hui 8.000 entreprises d'investissement. La question pour Pékin est de connaître le niveau des dettes des gouvernements locaux car elles ne sont pas comptabilisées dans le budget. Victor Shih, professeur à l'université de Northwestern, les estime à 3.500 milliards de dollars à la fin de 2011, soit 97 % du PIB. Pour l'instant, les intérêts sont financés par d'autres prêts et la vente de terrains, le tout soutenu par une hausse constante des prix de l'immobilier. Mais il existe des effets secondaires : une bulle immobilière et la vente de terrains qui inclut la relocation de population. Victor Shih estime que la ville de Pékin devra vendre 100 km2 de terres en 2010 pour honorer ses seuls intérêts. De leur coté, les relocations entretiennent la bulle car les personnes expropriées empruntent à leur tour pour acheter.réserves de changeQue va-t-il donc se passer si les taux d'intérêts augmentent, que la bulle spéculative éclate et que les banques se retrouvent paralysées par des prêts non-performants (estimés entre 15 %-25 % du total) ? Pas grand chose. Comme le rappelle Andy Xie, économiste indépendant basé à Shanghai : « Toutes les banques appartiennent à l'état. Les prêts sont donc garantis par le gouvernement. » Et dans un pays comme la Chine il est impensable de voir le gouvernement laisser tomber en faillite ses banques. Le schéma le plus probable sera celui utilisé à la fin des année 1990 : l'absorption des prêts non-performants par des organismes d'états (AMC) et une recapitalisation massive des banques. « La question est de savoir si le gouvernement a de l'argent et si il peut le dépenser », s'interroge Andy Xie. à ces deux questions, il répond oui, car la Chine a accumulé 2.400 milliards de dollars de réserves de change dont beaucoup d'économistes pensent qu'elles serviront à financer les dettes cachées des gouvernement locaux. n
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