« Des résultats sans surprise et sans impact »

Marie-Pierre Peillon* directrice de l'analyse financière chez Groupama AMLes scénarios choisis pour stresser les établissements européens sont-ils pertinents ?Les scénarios macroéconomiques et les décotes choisies pour les emprunts d'État logés dans les portefeuilles de négociation des banques me paraissent tout à fait corrects. Les hypothèses de résultats des banques européennes m'étonnent davantage: on suppose que, dans un scénario dégradé, elles dégageraient autant de résultat en 2010, puis en 2011, qu'en 2009, qui était une année de rebond assez exceptionnelle. Dans le scénario le plus sévère, les 508 milliards d'euros de résultats des banques permettent ainsi d'absorber une grande partie des 566milliards de pertes attendues : c'est sans doute un peu optimiste. Par rapport aux exigences du marché, l'Europe a mis la barre assez bas s'agissant du niveau des fonds propres...En fixant le minimum requis pour le ratio Tier 1 à 6 %, le CEBS est allé au-delà du niveau de capital réglementaire exigé qui est à 4 % depuis Bâle 1, mais il est resté en deçà du niveau de 8 % retenu par le marché depuis le début de la crise financière. Ce niveau de 8 % sera aussi vraisemblablement celui exigé par Bâle 3 après 2012, mais avec de telles exigences, les résultats auraient été beaucoup plus durs : près de 30 banques seraient alors apparues comme sous-capitalisées.Les tests de résistance vous paraissent-ils de nature à rétablir la confiance dans le système bancaire européen ?La principale interrogation porte toujours sur la capacité des banques à se refinancer et les tests européens n'ont pas abordé ce problème. Plusieurs émissions ont eu lieu ces derniers temps mais la majeure partie de la liquidité provient toujours de la BCE. Je crois que les marchés vont surtout continuer à s'intéresser aux chiffres macroéconomiques et à l'évolution de la réglementation. Les résultats des « stress tests » sont sans surprise et ils n'auront vraisemblablement pas un grand impact. Une échéance plus importante sera la publication des nouvelles normes dites de Bâle 3, avant le G20 de Séoul.Propos recueillis par Sophie Rolland (*) Directrice de l'analyse financière et extra-financière chez Groupama AM.
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