Fiat menace de divorcer de l'Italie

Faudra-t-il bientôt parler du groupe automobile « Fat » ? Dimanche soir, l'administrateur délégué de la Fabbrica Italiana Automobili Torino (Fiat) Sergio Marchionne a en tout cas lancé un gros pavé dans la mare: « sans l'Italie, Fiat se porterait mieux » a-t-il assuré à la télévision. Et d'expliquer : « Sur les neuf premiers mois de l'année, Fiat a réalisé deux milliards d'euros de bénéfices mais pas un seul euro ne provient de l'Italie. Si nous pouvions amputer l'Italie, nous aurions de meilleurs résultats ». L'émoi est considérable dans la péninsule où l'on craint que l'entrepreneur italo-canadien se prépare à une délocalisation du symbole industriel du pays. « Il parle comme s'il voulait s'en aller en mettant la responsabilité sur le dos des ouvriers » a réagi Guglielmo Epifani, le secrétaire du puissant syndicat Cgil.ultimatum Avec 650.000 véhicules construits chaque année et seulement 22.000 salariés, l'Italie n'est plus le centre de l'activité de la firme automobile qui faisait dire autrefois : « Quand Fiat éternue, c'est toute l'Italie qui s'enrhume ». Avec l'arrivée du «sauveur » Sergio Marchionne en 2004, l'internationalisation s'est accélérée, notamment avec le rachat partiel de Chrysler. Parallèlement, le dirigeant n'a cessé de fustiger les pesanteurs du système productif italien appelant à un « nouveau pacte social » pour remettre en marche un pays qui « est au 118e rang mondial en termes de compétitivité ».En Pologne, Fiat produit en moyenne cent voitures par salarié, contre moins de 30 en Italie. Fort de ce constat, Sergio Marchionne a multiplié les propositions en forme d'ultimatum aux syndicats : investissements contre davantage de flexibilité ou délocalisation de la production. Dans l'usine Fiat de Campanie, l'accord a été approuvé par référendum à 62 % malgré les métallurgistes les plus radicaux. Mais alors que Fiat n'a pas bénéficié d'aides de l'État durant la crise -si ce n'est les primes à la casse - et que le Président du Conseil Silvio Berlusconi (qui n'a jamais beaucoup aimé l'establishment turinois) se désintéresse du problème, Sergio Marchionne continue de remettre en cause les rapports économiques et sociaux au risque de s'attirer les critiques. « Je lui rappelle que l'Italie est le siège historique du groupe », a commenté le ministre du travail Maurizio Sacconi. « Ses propos sont injustes envers l'Italie et les travailleurs » lui a fait écho l'ancien ministre (gauche) Cesare Damiano. Et le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, souligne que « si Fiat est encore un colosse, c'est grâce aux contribuables italiens ».
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