Coup de foudre à Rio de Janeiro

Avec ses tresses s'entrelaçant, dans le plus pur style rasta urbain, son jean et ses tennis Nike, Mathias Villeroy n'a vraiment pas le physique de l'emploi. Pourtant, ce jeune homme de 33 ans est professeur de français à l'Alliance française de São Paulo. Il semble ne rien avoir perdu de son côté artiste, quand il était éclairagiste pour des « boîtes de prod » à Paris. Il aurait voulu poursuivre dans cette voie au Brésil, quand il a découvert ce pays au début du millénaire par la grande porte carioca. Ce fut le coup de foudre. « Rio de Janeiro était la ville dont j'avais rêvé : colorée, avec le duo mer-montagne, et des gens si aimables. » En fait, ce sont des Brésiliennes rencontrées à Paris qui l'ont incité à faire le voyage. De retour en France, une autre Brésilienne est devenue son épouse et l'a convaincu de déménager à São Paulo, où il n'avait pourtant guère envie de mettre les pieds. Dans « ce New York des tropiques », comme il dit, on doit courir en permanence après le fric pour maintenir un niveau de vie appréciable. Gagnant 5.000 reals (2.000 euros) par mois, Mathias n'a pas à se plaindre. « J'acquitte un loyer de 1.200 reals. Je dépense 1.000 reals chaque mois pour notre fille Mia, que nous confions à une école privée, et il me reste suffisamment de sous pour ne me priver de rien. »hasard heureuxAu Brésil, où il avait failli devenir la langue officielle pendant le règne de l'empereur Pedro I, le français est une langue aujourd'hui restreinte à une élite. « Toutefois, garantit Mathias, ce qu'il y a de moins lourd à faire et ce qui rapporte le plus, ici même, est de donner des cours de langue. » Faisant appel aux compétences de 55 professeurs, dont 15 % sont francophones, l'Alliance de São Paulo a embauché Mathias par hasard. En 2004, alors nouvellement installé dans cette mégalopole, il a contacté un directeur de l'Alliance pour assister à un cours, « de manière à voir comment ça se passait ». Du coup, cet expatrié l'a recruté. Les élèves de Mathias ont entre 25 et 35 ans. Ils apprennent le français, car c'est une jolie langue, ou parce qu'ils en ont besoin pour certaines professions telles que médecin, avocat, journaliste, etc. Les qualités d'un prof de français ? « La patience, la gentillesse, et il faut savoir mettre les élèves à l'aise, se montrer créatif. »Mathias poursuit : « L'Alliance garantit à ses enseignants vingt heures de cours par semaine. » Le reste du temps, il se rend chez des Brésiliens aisés pour leur donner des cours particuliers. Mathias apprécie l'optimisme régnant au Brésil, la gentillesse de ses habitants qui ont si souvent le sourire aux lèvres, et il ne regrette pas la France, « où l'on pratique la culture du ?c'est pas possible? ». Mais réussir au Brésil n'est pas donné à tout étranger. Il faut avoir une bonne dose de résistance. « Je me couche à 2 heures du matin pour me lever à 7 heures. »
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