Les barrages chinois inquiètent l'Asie, notamment l'Inde

L'Asie, moteur de la croissance mondiale, est aussi le théâtre de tensions grandissantes entre ses deux géants, la Chine et l'Inde. Le 12 novembre, Pékin a démarré les travaux de construction d'un barrage sur l'un des plus longs fleuves d'Asie, le Brahmapoutre. Il prend sa source sur le plateau tibétain, que la Chine tient sous sa férule, mais s'écoule pour l'essentiel en Inde où des centaines de millions d'habitants dépendent de son débit pour cultiver leurs champs et se nourrir. L'objectif officiel du projet est la construction d'une centrale hydroélectrique à Zangmu, à 325 kilomètres de Lhassa, capitale du Tibet, qui doit produire 510 mégawatts en 2014. Mais le gouvernement indien craint que Pékin veuille aussi réguler les crues du fleuve voire en détourner le cours à des fins d'irrigation. Cette méfiance bilatérale est malvenue au moment où les grands enjeux internationaux (crise économique, climat ...) exigent plus de dialogue et de coopération entre ces Etats, tous deux membres du G20. D'autant que, outre l'Inde, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam et le Cambodge ont exprimé leurs inquiétudes à propos d'autres projets de barrages cette fois sur le Mékong, un autre grand fleuve d'Asie prenant sa source sur le plateau tibétain. Aide substantielle de PékinSans doute rapidement, certains analystes indiens évoquent le risque d'une nouvelle guerre indo-chinoise dès 2012, soit un demi- siècle après celle qui a éclaté entre les deux pays en 1962 pour des raisons de frontières. La question du projet de barrage vient en tout cas tendre davantage une relation historiquement difficile entre la Chine et l'Inde. Au premier rang des polémiques bilatérales, figure l'implication de la Chine au Pakistan, en conflit avec l'Inde au Cachemire. Pékin apporte au gouvernement pakistanais une aide substantielle sur le plan nucléaire et pour les infrastructures, comme pour la construction du port en eaux profondes de Gwadar grâce auquel la Chine espère s'ouvrir un accès sur l'océan Indien. Les nouvelles modalités de délivrance des visas pour les hommes d'affaires indiens se rendant en Chine en provenance d'États indiens situés tout près de la frontière avec la Chine (Jammu Cachemire et Arunachal Pradesh) ont aussi irrité Delhi qui y voit une atteinte à sa souveraineté et à l'égalité de ses citoyens. Point d'orgue de cette défiance bilatérale, le président Obama en visite en Inde début novembre a ostensiblement apporté son soutien à Delhi pour un siège au conseil de sécurité de l'ONU. Un siège qui consacrerait le rôle de contrepoids géopolitique de l'Inde face à la Chine.
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