Ben Thomson, le banquier qui veut rebâtir la finance écossaise

Shannon ToftsIl reçoit dans sa magnifique villa sur les hauteurs d'Edimbourg. De là, Ben Thomson a une vue directe sur le château qui domine la capitale écossaise, un panorama parfait pour lui rappeler son objectif : reconstruire la fierté financière de son « pays ».L'Écosse a été sévèrement touchée par la crise financière. Royal Bank of Scotland (RBS) et Halifax Bank of Scotland (HBOS) figurent parmi les grandes victimes mondiales : la première est nationalisée à 84 %. La seconde a été avalée par Lloyds Banking Group, une pilule impossible à digérer pour le groupe qui a dû être nationalisé d'urgence à 41 %. Mais Ben Thomson a un rêve : racheter le noyau historique de ces établissements pour reconstruire une banque écossaise. « L'Écosse a besoin d'avoir une ou deux banques, possédées par des Ecossais : c'est important pour soutenir les entreprises locales, et cela rapporte des recettes fiscales au gouvernement (écossais, Ndlr). » Pour cela, il espère profiter de la vente de 320 agences de RBS, et de 185 agences de Lloyd imposée par la commission européenne. S'il précise à plusieurs reprises « ne pas avoir fait d'offre », il reconnaît : « J'adorerais faire partie de la construction d'une ou deux banques écossaises. » Fantaisiste, Ben Thomson ? Ce grand dégingandé au sourire charmeur a quelques arguments à faire valoir. connexions politiquesâgé de 46 ans seulement, il a déjà une carrière de banquier derrière lui. Après avoir travaillé chez Kleinwort Benson dans les années 1980, il revient dès qu'il peut Edimbourg. Il est embauché par la petite banque d'affaires Noble Group, dont il prend les commandes à l'âge de 32 ans. En dix ans, le groupe passe de 18 à 120 employés. Puis Ben Thomson connaît une période difficile pendant la crise : Noble Group perd de l'argent en 2007 et 2008, et est racheté fin 2009 par Execution, une maison de courtage londonienne. En conséquence, il va quitter dans les prochains jours sa fonction de président non exécutif. Ses connexions politiques pourraient lui être utiles. Thomson est proche d'Alex Salmond, le Premier ministre écossais du parti indépendantiste (SNP). Voilà cinq ans, le banquier a été l'un des premiers hommes d'affaires de poids à affirmer que l'indépendance était financièrement envisageable. Ce soutien, et la crédibilité ainsi apportée à Alex Salmond, ont aidé à la victoire de ce dernier lors des élections écossaises de 2007.Pour mener son offensive sur les agences bancaires à vendre, Ben Thomson serait aussi en négociations avec George Mathewson, l'homme qui a transformé RBS entre 1992 et 2000, faisant d'une banque régionale un acteur international. Leith Robertson, un ancien vice-directeur de la division banque d'investissement de RBS, ferait aussi partie des discussions. Mais le succès du trio n'est pas assuré. Ben Thomson souligne que les agences à vendre de Lloyds Banking Group sont souvent situées dans des quartiers pauvres ou reculés. Quant à celles de RBS, la date butoir pour faire une offre est déjà passée.... Ben Thomson, le regard perdu sur le château d'Edimbourg, surveille son langage, pour ne pas trop en dire. Mais il est clairement tenté par l'action. n Ben Thomson a été l'un des premiers hommes d'affaires à affirmer que l'indépendance de l'écosse était financièrement envisageable.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.