2007-2011 : la Fed a-t-elle tiré les États-Unis d'affaire ?

Tenter de réparer les erreurs de communication du passé : c'est à ce challenge que va se frotter Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, ce mercredi dès 20h15, heure de Paris, lorsqu'il inaugurera la première conférence de presse de l'histoire de la banque centrale américaine à l'issue du troisième de ses huit conseils annuels. Les acteurs des marchés et les investisseurs de tous poils ont conscience que l'heure de la mise en oeuvre de la stratégie de sortie de crise de la Fed va bientôt sonner. Ils souhaitent en connaître les modalités, à défaut du calendrier dont les banques centrales veulent garder la totale maîtrise, après avoir à deux reprises depuis le début de la crise été pris à contre-pied par la stratégie de (mauvaise) communication de la Fed. La première faille était intervenue l'été dernier : fin août, lors du symposium annuel de Jackson Hole (Wyoming) organisé par la Fed de Kansas City, Ben Bernanke avait fait machine arrière en revenant sur ses premières mesures de sortie de crise au profit de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire... à venir, dont il avait refusé de diffuser la teneur potentielle. Une grande nervosité s'empara alors du marché obligataire. Puis il y eut l'absence complète d'explication sur le nouveau programme d'achat de titres de dette publique, celui qui allait être surnommé le QE2, au début du mois de novembre, portant sur l'acquisition de 600 milliards de dollars d'emprunts d'Etat d'ici à fin juin 2011. Deux enejux majeursCe programme, jugé totalement infondé par une partie des économistes et de la classe politique, la première phase ayant extirpé avec succès les Etats-Unis de la récession et enterré les craintes de déflation, eut la fâcheuse conséquence de provoquer une forte tension des rendements à long terme dont il était censé encourager la détente. Une tension aggravée, il est vrai, par la décision de Barack Obama de prolonger les réductions d'impôts de l'ère Bush à l'ensemble de la population. Les taux à dix ans étaient alors passés de moins de 2,50 % à près de 3,60% en l'espace d'un mois. Les deux enjeux du moment sont la sortie de la politique de taux zéro et l'avenir de la politique d'assouplissement monétaire quantitatif qui prend donc théoriquement fin à l'issue du premier semestre (lire ci-dessous). Si l'on en croit les anticipations des marchés, la Fed ne devrait pas modifier le taux cible des fonds fédéraux, enserré dans une fourchette de 0 % à 0,25 % depuis décembre 2008, avant la fin de cette année ou le début 2012. Bien entendu, la décision sera conditionnée par l'état de santé de l'économie de l'oncle Sam, la Fed devant rendre public également ce mercredi son diagnostic et ses prévisions économiques trimestrielles. Sur ces deux enjeux, le juge de paix sera le dollar, tombé mardi à un nouveau point bas de seize mois face à l'euro à près de 1,4655 et à un plancher historique face au franc suisse à 0,8745. Le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Timothy Geithner, ne s'y est pas trompé. Il a choisi ce moment pour réaffirmer le credo du dollar fort des Etats-Unis pour la première fois depuis novembre, indiquant que son pays n'adopterait « jamais la stratégie d'affaiblir le dollar ».
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