Après les incendies, l'économie russe traverse une saison sèche

Ce n'est pas seulement un bon tiers des récoltes russes qui est parti en fumée, mais également des ressources budgétaires pour l'État. La facture, pour le gouvernement, s'annonce lourde, puisqu'il s'est engagé à reconstruire à ses frais les milliers de logements détruits par les flammes. La note devrait atteindre l'équivalent de 315 millions d'euros, selon le ministre des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou. Ce qui est peu en comparaison de ce que la canicule extrême de cet été risque de coûter à l'économie russe : l'équivalent de 12 milliards d'euros - soit 1 % du PIB, selon le cabinet de conseil moscovite FBK. Ce dernier fonde son analyse sur la réduction des heures travaillées en raison de la chaleur et le gel de certains investissements. Le ministère de l'Économie a revu à la baisse la croissance cette année  : le PIB progressera de 4 % au lieu des 4,6 % prévus au début de l'été. « Un effet direct de la sécheresse », estime le vice-ministre de l'Économie, Andreï Klepatch. Les agriculteurs, qui se remettaient à peine de la crise économique, vont se retrouver massivement endettés. Les économistes prévoient que 15 % de l'encours des crédits des banques russes (3,25 milliards d'euros) devront être restructurés. L'industrie agroalimentaire et la grande distribution se trouvent déjà entre le marteau et l'enclume avec la forte augmentation des matières premières d'un côté et, de l'autre, un gouvernement effrayé par les conséquences politiques d'une hausse brutale des prix sur les consommateurs. Une inflation à 7,5 % L'agence anti-monopoles a déjà lancé des enquêtes contre plusieurs enseignes de distribution. La hausse des prix sur les produits alimentaires devrait s'établir à 14,4 %, estime le ministère de l'Économie. Quant à l'inflation générale, elle atteindra cette année 7,5 %. Elle devrait en revanche redescendre dans une fourchette de 6 %-7 % dès 2011, une tendance relativement bonne, compte tenu du fait que l'inflation a pratiquement toujours été au dessus de 10 % pendant la dernière décennie. Toutefois, un indicateur rassure : la reprise de la consommation, engendrée, notamment par une diminution inattendue du chômage. Le ministère de l'Economie prévoit une croissance de 4,9% des revenus réels, contre 3,6 jusqu'ici. Même si la consommation n'est pas, loin s'en faut, la locomotive de l'économie russe, « elle devrait permettre d'atteindre une croissance supérieure à 4% y compris sans progression des investissements », estime Ioulia Tseplyaeva, analyste chez BNP Paribas.
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