Un an après sa victoire, Angela Merkel est fragilisée

Ce devait être un rêve, c'est devenu un cauchemar. Le 27 septembre 2009, les élections au Bundestag, la Chambre basse du Parlement allemand, confirmaient clairement Angela Merkel dans ses fonctions de chancelière, malgré un tassement de son parti, la CDU. Mieux même, la chancelière chrétienne-démocrate parvenait à se « libérer » de la grande coalition avec les sociaux-démocrates (SPD) pour former avec les libéraux du FDP, auteurs d'un score historique (14,6 %), sa « coalition rêvée ». Elle était alors au faîte de sa popularité. Un triomphe qui paraît bien lointain. Les sondages donnent à présent une avance de 13 à 14 points à l'alliance Verts-SPD, pourtant devancée d'autant voici un an. 60 % des Allemands se disent aujourd'hui mécontents de la politique du gouvernement.Heinrich Oberreuter, directeur de l'Académie des sciences politiques de Tutzing, explique ce mécontentement par un « bilan très négatif » de la coalition au pouvoir. « Les projets du gouvernement ont, soit été abandonnés, soit été très contestés, y compris au sein de la coalition », remarque-t-il. Le symbole de cet échec, c'est évidemment la réforme fiscale qui devait alléger les ménages allemands de 25 milliards d'euros d'impôts. Inscrite dans l'accord de coalition d'octobre dernier, ce projet a été reporté sine die par Angela Merkel pour des raisons budgétaires pourtant déjà évidentes au moment des élections. Depuis, l'heure est à la rigueur et aux rumeurs de hausse du taux réduit de TVA. Sentiment de confusionMais cet exemple, qui a été l'occasion de passes d'armes quasi quotidiennes entre les alliés de gouvernement, n'est pas isolé. Pour Heinrich Oberreuter, le style de gouvernement d'Angela Merkel « convient mieux à une grande coalition où l'on doit trouver des compromis qu'à une coalition où il faut une direction claire et ferme ». La stratégie d'évitement et de temporisation de la chancelière a donc montré ses limites. « Dès la négociation de l'accord de coalition, elle a laissé des sujets ouverts à la discussion et a ainsi alimenté le débat interne », souligne le politologue. Tous les projets gouvernementaux deviennent alors des sujets de frictions, forçant Angela Merkel à bâtir des compromis précaires et insatisfaisants. Sur le plan de rigueur, par exemple, elle refuse de revenir sur certaines niches fiscales aux entreprises ou sur la baisse de la TVA dans l'hôtellerie, pour ne pas heurter le FDP, mais elle doit rogner sur les indemnités chômeurs, décevant ainsi une partie de la CDU. Au final, les Allemands ont eu un sentiment de confusion qu'ils ont fait payer à la chancelière. Le 9 mai, la coalition a perdu la région la plus peuplée du pays, la Rhénanie-du-Nord- Westphalie et, en conséquence, sa majorité absolue au Bundesrat, la Chambre haute du Parlement. Sur les principaux dossiers, la chancelière doit désormais composer non seulement avec les turbulents libéraux et la CSU, son alliée bavaroise, mais aussi avec le SPD qui tient la clé du Bundesrat. Une complexe cohabitation qui tient du casse-tête.Angela Merkel se veut aujourd'hui ferme et intransigeante sur la discipline dans sa majorité. Mais n'est-ce pas trop tard ? La récente élection laborieuse de son candidat, Christian Wulff à la présidence de la République a montré la faiblesse de son leadership. Et si le FDP est plus sage, la réforme pourtant édulcorée de la santé préparée par le ministre libéral Philipp Rösler vient d'être étrillée par la CSU. Enfin, l'aile droite de la CDU ne cesse de montrer sa mauvaise humeur. Angela Merkel devra prouver qu'elle « tient  » sa majorité. Car si la coalition CDU-FDP perd, pour la première fois son bastion du Bade-Wurtemberg lors des élections régionales de mars 2011, comme le prédisent les sondages, sa position deviendra précaire.
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