L'État redevient à la mode au Brésil

Si les années 1990 ont été celles du néolibéralisme au Brésil, les mandats du président Luiz Inacio Lula da Silva ont opéré un retour de l'Etat. Aux yeux du grand public, ce sont les programmes sociaux qui symbolisent la vocation de l'Etat comme correcteur des inégalités. Parallèlement, il a repris certaines de ses missions traditionnelles, comme l'éducation supérieure, avec des crédits aux universités publiques et à l'enseignement technique, délaissés dans les années 1990 au profit du système privé. Discrète au cours du premier mandat, la montée en puissance de l'Etat s'est affirmée à partir de 2007, avec le Programme d'accélération de Croissance (PAC), destiné à améliorer les infrastructures d'ici à la fin 2010. Le budget, de 262 milliards d'euros, est financé par l'Etat, les entreprises publiques, et le secteur privé, via des incitations fiscales. En mars dernier, Lula a lancé le PAC 2, injectant 400 milliards d'euros entre 2011 et 2014. « Au total, l'investissement public, qui était tombé à 0,5 % du PIB dans les années 1990 atteint aujourd'hui environ 4 %, si on inclut les entreprises publiques, comme Petrobras », calcule Roberto Messenberg, économiste à l'Institut national de recherches économiques (Ipea). « Nous sommes encore loin des 7 % qui seraient nécessaires à ce qu'une croissance forte soit soutenable », dit-il, en rappelant que tabler sur le seul investissement privé est une erreur au Brésil. « Culturellement, le privé suit le rythme de l'Etat, et ce depuis 1930 », conclut-il. Pour maintenir une croissance de 5 %, le taux d'investissement, aujourd'hui de 18,5 % du PIB, devrait atteindre 24 %.L'Etat a enfin joué un rôle majeur durant la crise économique de 2008. « Notamment avec la politique volontariste de crédit : le privé a cessé de prêter, et les banques publiques ont inondé le march頻, affirme Silvio Campos Neto, économiste du Banco Schahin. Parallèlement, Brasilia a ordonné des réductions fiscales temporaires sur certains secteurs, comme l'automobile et l'électroménager pour relancer la demande. La baisse des taux d'intérêt a toutefois tardé, démontrant que Lula a préféré ne pas s'attaquer à un autre tabou économique : celui de l'autonomie de fait de la Banque centrale. V. M., à Rio de Janeiro
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